L'Espagne a annoncé mercredi que la Russie avait annulé l'escale à Sebta d'une flotille russe en route vers la Syrie, initialement prévue à partir de vendredi et qui avait suscité la préoccupation de l'Otan. «L'ambassade de la Fédération de Russie à Madrid vient de nous communiquer qu'elle retirait la demande d'autorisation d'escale pour ces vaisseaux, escales qui sont donc annulées», a précisé le ministère des Affaires étrangères espagnol dans un communiqué. Cette annulation ôte à Madrid une source d'embarras, ses alliés ayant vu d'un très mauvais oeil cette escale avec force de «préoccupations». «Les dernières escales demandées sont en cours de révision en fonction des informations que nous recevons de nos alliés et des autorités russes», a fait savoir le ministère espagnol des Affaires étrangères, dans un courrier électronique. Cette déclaration confirme implicitement les informations selon lesquelles certains navires de cette flottille devaient se ravitailler à Sebta. Le ministère ajoute que des bâtiments russes font escale depuis des années dans les ports espagnols. Chaque escale est autorisée au cas par cas, en tenant compte en premier lieu de la sécurité de l'environnement et de la ville et la population concernées. Parti du nord de la Russie, l'escadre a franchi la Manche vendredi et se rapproche de Gibraltar. Elle se compose de huit bâtiments: le seul porte-avions russe, l'Amiral-Kouznetsov, un croiseur à propulsion nucléaire, deux navires anti-sous-marins et quatre navires de soutien, selon des responsables de l'OTAN. A bord du porte-avions se trouvent des dizaines de chasseurs-bombardiers et d'hélicoptères. Les huit navires de ce groupe naval vont rejoindre la dizaine de bâtiments de guerre russes d'ores et déjà au large de la Syrie. Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a réaffirmé mercredi que la possible utilisation du porte-avions russe pour augmenter les frappes sur Alep suscitait «l'inquiétude» de l'Alliance atlantique, et que celle-ci était «partagée par tous ses membres». Mais il n'a pas critiqué ouvertement la possibilité d'un ravitaillement de la flottille russe dans un port espagnol. «C'est à chaque allié de décider (…) s'il fournit un ravitaillement à des navires russes», a assuré le chef de l'OTAN en arrivant à une réunion des ministres de la Défense des 28 pays de l'Alliance à Bruxelles. «Mais cette fois j'ai transmis un message très clair que nous sommes inquiets sur l'usage potentiel de cette flottille pour augmenter les attaques sur Alep (…) Tous les membres de l'Alliance sont conscients de nos inquiétudes», a-t-il expliqué. Londres a également fait part de ses inquiétudes. «Nous serions extrêmement préoccupés si un membre de l'OTAN devait aider un groupe naval russe susceptible de contribuer au bombardement de civils à Alep», a déclaré le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon.