Depuis la guerre des Sables (1963), les mesures hostiles de l'Algérie contre le Maroc ne se comptent plus. Le régime algérien a régulièrement invoqué des motifs fallacieux ou des accusations sans preuves pour justifier ses actions contre son voisin. Ces tensions ont culminé en 2021 avec la rupture des relations diplomatiques à l'initiative de l'Algérie, qui a accusé le Maroc d'«actions hostiles» sans plus de précisions et sans la moindre preuve. Depuis cette rupture, l'Algérie mène une campagne systématique visant à dénigrer, isoler et déstabiliser le Maroc, mobilisant à cette fin d'importants moyens. À plusieurs reprises, des responsables ont usé d'un langage peu diplomatique et des médias algériens ont pris à partie le Maroc en termes violemment injurieux. Cette hostilité, qui frôle l'obsession, s'exprime à travers plusieurs actions dans divers domaines, diplomatique, militaire, économique et commercial, culturel, sportif. L'acte le plus hostile reste évidemment le soutien multiforme que l'Algérie prodigue depuis 1975 au polisario dont elle héberge les milices armées sur son territoire. Les diplomates algériens, lorsqu'ils le peuvent, s'opposent à toute initiative favorable au Maroc, que ce soit dans les organisations internationales comme l'ONU ou à l'occasion de réunions bilatérales, notamment lorsqu'il s'agit de questions liées à Al-Qods ou d'autres thèmes importants pour le Maroc. L'Algérie renforce sa présence militaire à la frontière avec le Maroc, multipliant des exercices militaires dans le but d'impressionner. En matière économique et commerciale, outre l'arrêt de l'approvisionnement de l'Espagne en gaz naturel via le Maroc et la fermeture de son espace aérien aux avions marocains, Alger a pris plusieurs mesures visant à interdire la circulation sur son territoire de produits marocains et à éliminer tout partenariat entre des entreprises des deux pays. L'Algérie a aussi pris des mesures pour restreindre la coopération culturelle avec le Maroc, interdisant à ses intellectuels la participation à des événements culturels communs. Le sport n'a pas échappé à l'hostilité des autorités algériennes, qui ont obligé des équipes algériennes et des athlètes algériens à déclarer forfait face au Maroc. Les passeports du Mossad Le gouvernement algérien vient d'ajouter une nouvelle mesure à son arsenal des actes anti marocains en décidant d'imposer le visa aux Marocains. Les motifs avancés ne convainquent personne. Le communiqué du ministère algérien des affaires étrangères invoque «diverses actions attentatoires à la stabilité de l'Algérie et à sa sécurité nationale», en citant notamment «le déploiement d'agents de renseignements sionistes, détenteurs de passeports marocains, pour accéder librement au territoire national.» Voilà une nouvelle mystification comme le régime algérien en a le secret. Le président algérien n'avait-il pas déclaré à un journal français, en 2022, avoir rompu les relations diplomatiques avec le Maroc pour «ne pas faire la guerre» ? Combien d'«agents sionistes détenteurs de passeports marocains» la police algérienne a-t-elle arrêtés ? Qui peut raisonnablement penser que les services israéliens enverraient en Algérie leurs agents munis d'un passeport marocain ? À moins que le Mossad, puisque c'est de lui qu'il s'agit, ne sache pas que les relations entre les deux pays sont exécrables, que les Marocains établis en Algérie sont considérés comme autant d'espions et que le passeport marocain allume automatiquement un clignotant rouge dans n'importe quel aéroport algérien ? Le Mossad, on le sait, dispose de toute une gamme de passeports de pays occidentaux dont il peut faire usage comme bon lui semble. Pourquoi choisirait-il un passeport marocain, envoyant ainsi ses agents dans la gueule du loup ? Personne n'a pris au sérieux l'annonce au début du mois de la découverte à Tlemcen d'un réseau d'espions, parmi lesquels des Marocains, dont un identifié par des initiales «Z.M.» (!) pour faire plus vrai. Personne n'avait cru à l'histoire de l'arrestation en son temps de pauvres bougres présentés comme des trafiquants marocains et obligés de faires des «aveux» devant la caméra de la télévision algérienne. Dans les deux cas, le conte était cousu de fil blanc. Des Algériens sont arrêtés au Maroc, comme partout dans le monde, surtout entre pays voisins, même avec une frontière terrestre fermée. La différence, c'est que le Maroc n'exhibe pas ces personnes à la télévision. En rétablissant le visa, Alger ne cherche pas à priver les Marocains d'un voyage d'agrément en Algérie. Ils sont rares à avoir cette intention, pour des raisons évidentes, sauf nécessité impérieuse. En revanche, les Algériens connus et moins connus qui se rendent au Maroc sont, malgré tout, nombreux. Ils sont surpris de découvrir un Maroc qui n'a rien à voir avec le pays qui est dépeint par le gouvernement algérien et ses médias et ils le disent, sauf lorsqu'il s'agit d'agents infiltrés qui agissent en service commandé. C'est ce qui gêne le régime algérien car il se voit pris en flagrant délit de mensonge et confondu par ses propres citoyens. Il entend donc limiter le flux, voire le tarir, surtout en prévision des grands rendez-vous sportifs dont le Maroc sera bientôt le théâtre. Les Marocains dans le collimateur Mais ce n'est pas l'unique objectif des autorités algériennes, qui visent la communauté marocaine vivant en Algérie. Il faut s'attendre, dans les jours qui viennent, à une vaste campagne de contrôles d'identité. D'ores et déjà, nos compatriotes sont instamment invités à se présenter aux autorités. Leurs employeurs sont mis en demeure de les déclarer et la population est encouragée à dénoncer les immigrés marocains. Le régime algérien semble préparer en sous-main une vague d'expulsions qui touchera massivement les Marocains en situation irrégulière. La différence avec 1975, c'est qu'Alger y mettra cette fois les formes. Il n'en demeure pas moins que cette mesure vise directement le peuple marocain, en violation des principes de fraternité qu'Alger affirme respecter et défendre. Elle révèle ainsi au monde le vrai visage des dirigeants algériens. Elle met à nu la laideur et la rancœur d'un régime sclérosé ainsi que ses méthodes d'un autre âge. À ce stade, on croyait qu'Alger avait épuisé tout le registre des mesures irréfléchies dirigées contre le Maroc. Mais l'inspiration et l'inventivité en ce domaine n'ont apparemment pas de limites à Alger. On y est sûrement déjà à pied d'œuvre pour trouver la prochaine mesure à prendre.