Israël a annoncé samedi avoir tué le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah dans une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth qui a ciblé le quartier général central de l'organisation paramilitaire. Si elle est confirmée, elle constituerait une victoire majeure de Tel-Aviv face à l'Iran et ses alliés dans la région, mais aussi un coup dur pour le Polisario et l'Algérie. En 2023, le journal allemand Die Welt a révélé les liens dangereux entre le Front Polisario et l'Iran, destinés à transformer les territoires marocains «en un point de règlement de comptes» avec Israël. Le rapport détaillé précise que «l'Iran a élargi son réseau de milices, avec l'objectif de porter atteinte aux intérêts d'Israël dans la région, allant au-delà de celles qui sont directement liées à Tel-Aviv.» Selon la même source, «l'Iran a fourni aux membres du Polisario des missiles sol-air et des drones, en plus de financer des camps d'entraînement en Algérie pour les combattants du Polisario.» Die Welt a aussi révélé un nouvel élément : l'existence d'enregistrements et de conversations téléphoniques écrites entre des représentants du Polisario et un agent du Hezbollah basé en Côte d'Ivoire, nommé Mustapha Mohamed Lamine Ketab, envoyé du Polisario en Syrie et au Moyen-Orient. Ces échanges indiquent qu'un plan «est en cours entre le Hezbollah et le Polisario pour mener une attaque armée contre le bureau de liaison israélien à Rabat, en coordination avec l'Algérie, le Hamas et l'Iran, conditionnée à plus de soutien militaire soit fourni au front.» Relations souterraines mais retracées Le rapport évoque également une enquête antérieure révélant «des virements bancaires effectués par l'Iran en direction du Polisario via l'Espagne, sous la supervision de l'Algérie.» En 2022, l'ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, a accusé l'Iran et le Hezbollah «de s'immiscer en Afrique du Nord en équipant le Front Polisario à Tindouf avec des drones.» M. Hilale a qualifié ces informations de «particulièrement inquiétantes», avant de souligner que l'introduction des drones iraniens dans cette zone bouleverse profondément les équilibres en place. Depuis 2018, Rabat mentionne un appui stratégique étranger accordé au Front Polisario. Le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita avait noté que le royaume dispose «de preuves irréfutables» révélant un soutien financier, logistique et militaire apporté par le Hezbollah libanais au Polisario, en coordination avec l'ambassade d'Iran à Alger. À l'époque, Rabat avait accusé le Hezbollah d'entraîner des membres du Polisario à la guérilla et de leur fournir des armes, y compris des missiles anti-aériens de type SAM-9 et Strela, après l'arrestation, en mars 2017 par Rabat de l'un des cadres du font, Kassim Mohamed Tajeddine, sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par Washington. M. Bourita a dévoilé que certaines réunions entre le Polisario et le Hezbollah se sont tenues dans un «lieu secret à Alger, connu des services de sécurité algériens.» Il a également précisé que l'ambassade iranienne à Alger jouait un rôle central, servant de lien entre le Hezbollah, l'Algérie et le Polisario, à travers son conseiller culturel, Amir Moussaoui. Le dossier marocain sur les connexions clandestines entre le Polisario et le Hezbollah comprend des faits avérés et détaillés, tels que les dates des visites de hauts responsables du Hezbollah en Algérie, ainsi que les temporalités et les localisations des réunions qu'ils ont tenues avec des cadres du Front Polisario. Parmi les membres du Hezbollah soupçonnés de cultiver des contacts dissimulés avec le Polisario, figurent Haidar Sobhi Hadid, responsable des opérations extérieures de la formation libanaise, Ali Moussa Daqdouq, conseiller militaire ainsi qu'Abou Wael Zalzali, responsable de la formation militaire et logistique. Tous se sont rendus à plusieurs reprises à Tindouf depuis mars 2017 afin de rencontrer les dirigeants du Polisario et de superviser des sessions d'entraînement.