Le gouvernement algérien vient de conclure, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Washington Sabri Boukaddoum, un contrat de lobbying avec une firme américaine réputée proche d'Israël, selon des documents que Barlamane.com a consultés et une enquête fouillée du magazine panafricain Jeune Afrique. Un choix en contradiction avec les positions officielles de l'Algérie sur la question palestinienne. L'accord avec BGR Group (BGR Government Affairs, LLC), enregistré le 13 septembre, est effectif depuis le 10 septembre. Il prévoit une rémunération annuelle de 720 000 dollars sans compter les éventuels frais supplémentaires engagés par la firme dans l'exercice de ses missions pour l'Algérie, «lesquels peuvent porter le montant du contrat à 1,2 million de dollars», a appris Barlamane.com. BGR s'engage ainsi à fournir des services en matière de relations gouvernementales et de communication en vue de favoriser les liens bilatéraux entre les Etats-Unis et l'Algérie, selon les termes du contrat. BGR Group, fondé en 1991 par deux anciens membres de l'administration Reagan s'est imposé comme l'un des principaux cabinets de lobbying à Washington. Il a des liens avec plusieurs pays comme l'Arabie saoudite, le Bahreïn, la Serbie ou encore le Venezuela. BGR a, aussi, participé activement aux accords de normalisation des relations entre Israël et Bahreïn, dits accords d'Abraham. En outre, Ehud Barak, ancien Premier ministre d'Israël et figure emblématique de l'armée israélienne, siège parmi ses conseillers principaux. L'Algérie a-t-elle signé le contrat avec BGR sans audit préalable ? BGR Group n'a pas uniquement facilité la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. En octobre 2023, à la suite des attaques du Hamas contre Israël, la firme a publiquement exprimé son soutien à l'Etat hébreu et a versé des dons à Magen David Adom, une organisation israélienne de secours d'urgence. L'Algérie, qui se dit fervent défenseur de la cause palestinienne et hostile à l'Etat israélien, pourrait difficilement ignorer ces relations étroites qu'entretient la firme avec Israël. À travers ce contrat, l'Algérie cherche à obtenir des rencontres entre ses responsables et les décideurs américains afin de promouvoir ses intérêts économiques et améliorer son image publique, en plus de défendre ses intérêts auprès des politiques de premier plan et les législations américaines.