L'Algérie, craignant une déstabilisation majeure de ses frontières, a envoyé mercredi son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, en tournée au Nigeria, Bénin et Ghana. Officiellement pour entamer une médiation relative à la crise au Niger mais officieusement, pour protéger ses arrières dans une région sahélienne où menaces asymétriques et bouleversements régionaux transnationaux pullulent. L'Algérie, interpellée par son environnement immédiat, a dit refuser catégoriquement toute intervention militaire extérieure au Niger qui représente, selon elle, une menace directe. L'Algérie partage près de 1 000 km de frontière avec le Niger, contaminés par la propagation de groupes armés et les réseaux de trafics de drogue. Le pays a été pris de court part des recompositions politiques fragiles ou à des vides institutionnels chaotiques. À ces considérations essentiellement sécuritaires s'ajoutent les problèmes structurels à tendance alarmante, liés au sous-développement, aux pressions diplomatiques et migratoires, qui préoccupent le régime algérien confronté à des tensions intérieures. Interposition peu désintéressée Plus grand pays d'Afrique, l'Algérie est limitrophe de deux pays en proie à des crises profondes: le Mali et la Libye, et elle redoute troisième front à ses frontières. La diplomatie algérienne est inquiète de l'affaiblissement de l'appareil sécuritaire de son voisinage, l'effondrement du Niger débouchera pour elle sur une mainmise encore plus large des groupes djihadistes au Sahel et provoquera une grave détérioration de la position géostratégique d'Alger et affaiblira ses alignements régionaux ainsi que sa politique africaine. Après le renversement le 26 juillet par des militaires du président nigérien Mohamed Bazoum, élu en 2021, la Cedeao a annoncé le 10 août son intention de déployer une force ouest-africaine destinée à rétablir l'ordre constitutionnel au Niger. Au Mali et au Burkina Faso, confrontés à la menace djihadiste comme le Niger, les militaires ont prévenu qu'ils seraient solidaires de leur voisin en cas d'intervention étrangère. Fondée sur le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats (sauf lorsqu'il s'agit du Maroc) la politique algérienne soumise à un fort isolement international en raison des années d'inertie vise à maintenir, à l'heure actuelle, un rapport de force favorable au régime d'Alger.