L'incapacité structurelle de l'organisation pyramidale policière française à prendre en considération de manière prompte la question du racisme de certains de ses membres est dénoncée dans un rapport commandé par les autorités en 2020. Faire partie de la police nationale constitue un sujet de réflexion qui reste peu exploré en France. Les travaux et les politiques publiques concernant les discriminations démontre la légitimité d'un tel questionnement, lié au fonctionnement d'institutions d'ordre telles que la police nationale. Dans un rapport confidentiel remis à Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti en juillet 2021, resté confidentiel depuis, le déontologue du ministère de l'intérieur décrit les discriminations qui règnent au sein des forces de l'ordre, qu'elles soient commises ou subies par les agents. Et propose des pistes de réforme. Une étude très documentée sur «la lutte contre les discriminations dans l'action des forces de sécurité» de 160 pages. «Un tiers du rapport, répondant directement à l'interpellation sociale, est consacré aux discriminations commises par les forces de sécurité intérieures envers le public, qu'il s'agisse de racisme – le reproche le plus ancien et courant –, de sexisme ou d'homophobie», écrit le site Médiapart. Sur le caractère discriminatoire des contrôles d'identité en France, le déontologue «propose en revanche une forme de reprise en main générale : le parquet est appelé à mieux circonscrire ses consignes et en contrôler davantage l'application», a-t-on souligné. «Une large part de ce travail est consacrée aux discriminations subies par les membres des forces de l'ordre, de la part de leurs collègues. Il passe en revue les alertes formulées sur la plateforme Signal Discri, des données issues d'enquêtes administratives et judiciaires, les réponses à un questionnaire adressé dans les services et une enquête un peu plus poussée auprès de sept directions départementales de la sécurité publique», a-t-on mentionné. Les chiffres «ne rendent pas compte de l'ampleur du phénomène» mais de formuler quelques conclusions : «Les faits signalés portent le plus souvent sur des propos ou injures, qui manifestent fréquemment un humour déplacé ou des propos tenus sous le coup de la colère mais qui parfois aussi révèlent des préjugés préoccupants, qui s'expriment aussi bien vis-à-vis des collègues que du public.» «Qu'il s'agisse de discrimination interne ou tournée vers l'extérieur, la mission se montre assez critique de la réponse administrative. La hiérarchie intermédiaire est invitée à signaler davantage les faits dont elle a connaissance, notamment à la justice, une pratique très rare à ce jour», a-t-on dit. Le rapport «appelle les pouvoirs publics à renforcer leurs efforts en matière de lutte contre les discriminations» et à «sanctionner les officiers et officières qui omettraient de dénoncer des actes discriminatoires». Il précise toutefois que «les graves manquements déontologiques observés» restent «circonscrits» et «qu'on ne peut parler, dans la police ou dans la gendarmerie, d'un phénomène de "racisme ou de discrimination systémique"». Enfin, le texte veut une institution policière accessible à une «plus grande ouverture» sur la société civile, qui diversifie davantage son recrutement.