Dans l'empressement, quelques médias marocains ont affirmé que la Russie a signé un accord avec Rabat en vue de la construction d'une centrale nucléaire, une opération qui sera menée par le conglomérat nucléaire russe Rosatom. Dans les faits, l'accord est une sorte de déclaration d'intention pour soutenir le Maroc dans ses futurs ambitions nucléaires, dans les aspects techniques surtout. La société Rosatom, contrôlée par l'Etat russe, ne construira pas la première centrale nucléaire marocaine, contrairement à ce qui a été avancé par plusieurs médias, le 12 octobre, dans un élan de précipitation. «Un document a été signé par Alexander Voronkov, directeur du bureau Moyen-Orient de Rosatom, et Khalid El Mediouri, directeur général du Centre national marocain de l'énergie, des sciences et de la technologie nucléaires» a détaillé les contours de cette coopération nucléaire. Selon nos sources, «l'étude de faisabilité du projet de construction d'une centrale nucléaire, le choix du site et les paramètres clés seront définis», dont le calendrier et le financement, doivent être désignés avant toute annonce. «L'accord est plus une sorte de déclaration d'intention qu'autre chose. Le Maroc cherche à augmenter la part de sa capacité de production d'électricité provenant de sources renouvelables, cette ambition se fera pas à pas, en prenant en considération les options disponibles», a-t-on précisé. «En gros, la Russie s'engage à transférer au Maroc des technologies et du savoir-faire relatifs au nucléaire civil. pour l'essentiel, l'aide nucléaire de la Russie passerait par l'AIEA», a-t-on abondé. D'après nos sources, les coûts de construction de cette centrale avoisineraient au minimum 25 milliards de dollars. «Elle utiliserait selon toute vraissemblance des réacteurs à eau pressurisée similaires à ceux des centrales nucléaires en Russie, a-t-on pointé, avant de préciser que le Maroc n'a jamais connu de production de minerai d'uranium. Développer l'énergie nucléaire doit faire l'objet d'une analyse d'un processus d'exploration et de décision d'abord». Comme nous l'avions indiqué précédemment, le Maroc a eu ces dernières années des «échanges préliminaires» avec le groupe nucléaire français Areva sur le nucléaire civil, Rabat ayant exprimé son envie «d'introduire l'option nucléaire dans le mix énergétique national». Le projet a été couronné par un protocole d'accord entre Areva l'Office chérifien des phosphates (OCP) pour l'extraction de l'uranium de l'acide phosphatique marocain. Le sort de l'étude de faisabilité qui a été décidée pour ériger un site industriel de production d'uranium à partir des phosphates n'a pas été dévoilé à ce jour. Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que le programme nucléaire civil marocain attise les appétits. Avant quelques années, le groupe public russe Atomstroyexport a fait avancer sa candidature dans le projet de construction d'une centrale à l'ouest marocain, à Sidi Boulbra, entre Safi et Essaouira. Atomstroyexport est le fleuron industriel russe chargé de concrétiser les accords politiques de coopération nucléaire. Le groupe russe en plus, construit des centrales à un coût très compétitif par rapport à ses concurrents dans le monde. Actuellement, le Maroc ne possède à ce jour qu'un petit réacteur nucléaire civil d'une puissance de deux mégawatts destiné à des fins purement scientifiques (imagerie médicale, environnement, ressources minérales et géologie).