L'Algérie, qui cherche à augmenter ses livraisons pour les pays cherchant à réduire leurs dépendance de la Russie, dispose de réserves convoitées par l'Europe surtout mais ses capacités d'exportation sont quasi-saturées. Une mauvaise nouvelle pour Paris surtout, qui mise sur une possible augmentation des livraisons de gaz algérien à la France, en pleine crise énergétique alimentée par la guerre en Ukraine, avant la visite de la Première ministre Borne début octobre, laquelle coprésidera, avec son homologue algérien; «la cinquième session du comité intergouvernemental de haut niveau » (CIHN), qui s'annonce sous de mauvais auspices. Le pays nord-africain, dont les réserves actuelles de gaz naturel s'élèveraient à près de 2 400 milliards de m3, fournit environ 12% du gaz consommé en Europe. Sollicitée par plusieurs pays cherchant à se défaire de leur dépendance des livraisons russes depuis l'invasion de l'Ukraine, l'Algérie, par ailleurs une alliée indéfectible de Moscou, ne dispose que d'une capacité très limitée pour augmenter ses exportations. L'Algérie a signé récemment un accord gazier avec l'Italie, mais Rome redoute désormais des promesses algériennes non tenues. Le groupe énergétique italien ENI, prévoit, selon ses mots, «une fourniture progressive de volumes croissants de gaz à partir de 2022, jusqu'à 9 milliards de m3 de gaz par an en 2023-24», à travers le gazoduc Transmed qui relie les deux pays en transitant par la Tunisie. L'Algérie, exportateur africain de gaz en déclin, possède des infrastructures surannées qui freinent ses ambitions énergétiques. Une hausse de la consommation locale réduit aussi sa marge de manœuvre quant à une augmentation substantielle de ses livraisons à l'étranger. Selon les chiffres compilés par MEES pour 2021, le gazoduc Transmed desservant l'Italie disposait d'une capacité non utilisée de quelque 7,6 milliards de m3, en deçà des neuf milliards de m3 prévus par le dernier accord algéro-italien. Sonatrach, bras énergétique du régime algérien, souhaite que les niveaux des prix de vente de gaz naturel se fasse selon les conditions du marché, pour l'exercice 2022-2023, ce que plusieurs partenaires commerciaux voient d'un mauvais œil, dans un contexte d'inflation mondiale. Pour beaucoup d'observateurs, l'Algérie veut tirer parti et profit du contexte actuel de la guerre en Ukraine pour augmenter ses livraisons à l'Europe et ses revenus, mais elle redoute de se mettre à dos Moscou, en plus du fait que ses capacités supplémentaires d'exportation vers l'Europe sont trop limitées.