«Entre une Algérie au gouvernement anti-français et le Maroc qui n'attend qu'un signal de notre part au Sahara pour que la France puisse de nouveau rayonner en Afrique, il n'y a plus à hésiter», pointe Hadrien Desuin, auteur de «La France atlantiste» (Cerf), dans une chronique publiée dans l'hebdomadaire Marianne. Selon M. Desuin, «la diplomatie française a plus que jamais besoin de ses partenaires du Maghreb pour aplanir les tensions en Afrique et lutter efficacement contre le djihadisme international. Hélas, la dernière visite présidentielle en Algérie a fait prendre conscience que les plaies de l'Histoire n'étaient pas encore refermées.» Rien ne peut colmater la brèche entre Paris et Alger, ni les assises fermées entre les présidents et les services de sécurité des deux côtés, ni le «haut conseil de coopération» prévu au niveau des chefs d'Etat, ni les promesses algériennes de soutenir énergétiquement une France bientôt confrontée à un hiver difficile. «Contre un peu de gaz, la France doit battre sa coulpe et livrer des milliers de visas. Sans doute l'Algérie pense-t-elle profiter du retrait français du Mali et de la crise énergétique en Europe pour retrouver de l'influence à Bamako et à Paris. Comme le rappelait dans son dernier ouvrage, Xavier Driencourt, notre ancien ambassadeur à Alger, les généraux algériens sont parvenus à étouffer le Hirak après la chute du clan Bouteflika. La rente mémorielle et la clientèle de la junte au pouvoir depuis la fin de la guerre d'Algérie vont pouvoir se perpétuer», rappelle M. Desuin. «Le Maroc, qui subit également un voisinage très difficile avec l'Algérie, peine à comprendre les effusions d'amour-haine échangés entre Paris et Alger. Soixante ans après les indépendances, les efforts de la France et du Maroc pour développer leur voisinage avec l'Algérie sont restés stériles. Pourquoi s'entêter dans une réconciliation impossible ? Les enjeux sécuritaires en Afrique de l'Ouest sont pressants et nécessitent une riposte rapide. Pour contourner le verrou algérien, le Maroc offre une alternative si la France voulait bien reconnaître son rôle historique au Sahara», a-t-il noté. Pour lui, «les récentes reconnaissances» de la souverainté marocaine sur le Sahara «ont montré que la France pouvait perdre le Maroc sans gagner l'Algérie si elle persistait dans une position ambivalente sur ce sujet.» Tout en rappelant que l'Espagne et l'Allemagne se sont montrées favorables à la proposition marocaine pour l'autonomie, il souligne que le roi Mohammed VI a fait du dossier du Sahara «le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international.» «La France aurait tout intérêt à relancer ses efforts en faveur de l'autonomie des provinces du sud-marocain si elle voulait s'appuyer sur Rabat pour redéployer son influence en Afrique de l'ouest», a-t-il explicité. «La reconnaissance de la marocanité du Sahara aurait également pour avantage de faciliter les relations franco-marocaines dans le domaine de la lutte contre le djihadisme», a détaillé l'auteur français, avant de conclure qu'«entre une Algérie dont la junte persiste à forger son identité nationale dans la détestation de son ancienne métropole et le Maroc qui n'attend qu'un signal de notre part au Sahara pour que la France puisse de nouveau rayonner en Afrique, il n'y a plus à hésiter. Le Maroc est notre seul allié crédible au Maghreb.»