Après des mois de tensions diplomatiques, notamment en raison des questions mémorielles sur la guerre d'Algérie, la nature du régime algérien et la colonisation, Paris et Alger ont annoncé «une nouvelle dynamique dans une relation bilatérale» qui avait également été altérée par la question des visas. Au-delà des éléments de langage, la visite de Macron en Algérie a été un échec. La signature d'une déclaration commune pour un «partenariat renouvelé, concret et ambitieux» a été ajoutée à la dernière minute au programme de la délégation française, dernier sursaut d'honneur pour sauver une visite plombée par la mauvaise foi et la méfiance catégorique. «De fait, rien de concret n'est sorti de cette visite. Concernant la question de la livraison de gaz, l'Algérie se serait engagée oralement à augmenter de 50% le volume de ses exportations à destination de la France. Rien d'autre. Pas de contrats, nous perdons année après année des marchés au profit notamment de la Chine. Pas de mesures fortes pour les personnes frappées d'une obligation de quitter le territoire français que l'Algérie ne récupère pas», écrit Causeur. Pour Causeur, qui considère l'Algérie comme partenaire peu fiable; «la France peut enfin faire valoir ses intérêts en soutenant explicitement le Maroc dans le dossier du Sahara. Que le prochain président français qui se rendra en Algérie y aille enfin pour signer des contrats et tenir un discours de vérité autour du co-développement d'une ère de prospérité en Méditerranée.» Dans L'énigme algérienne, publié aux éditions de L'Observatoire, l'ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt «relate ses sept années passionnantes mais complexes à Alger. Il conclut, amer mais lucide, par ces quelques phrases qui claquent comme un coup de fouet en direction des esprits naïfs qui semblent hanter les coursives de l'Elysée sous le règne d'Emmanuel Macron», écrit Causeur, qui dit que le «partenariat d'exception» tant vanté entre les deux pays «serait à sens unique». «Réflexion faite, nous n'avons pas gagné grand-chose dans ce partenariat, ni véritable coopération de l'Algérie sur les grands dossiers, ni parts de marché, ni aide des consulats algériens sur les questions migratoires, ni solutions aux multiples difficultés quotidiennes que rencontrent les Français d'Algérie, ni contrepartie en échange des nombreux visas que la France octroie, ni sans doute, ajouterai-je, l'estime du pays et de ses dirigeants. Qu'avons-nous donc à gagner à délivrer des titres de séjour à de nombreux VIP algériens sans compensation sauf à être humiliés et à se faire claquer la porte au nez ? Nous pensons aujourd'hui qu'Alger nous aidera au Sahel alors qu'il est trop content de nous voir intervenir à sa place... pour mieux nous dénoncer et nous exfiltrer ensuite au profit de la Russie, comme on le voit actuellement», écrit l'auteur. La visite de Macron en Algérie a été en-deçà des attentes. «Les questions qui fâchent n'ont d'ailleurs pas été abordées, à l'image de cet exercice militaire conjoint russo-algérien qui se tiendra en novembre», évoque Causeur. Et de rappeler que le Maroc «entend depuis longtemps faire valoir officiellement une vérité historique : sa souveraineté sur le Sahara». «Territoire marocain depuis plusieurs centaines d'années, cet espace géographique est la proie du mouvement séparatiste Front Polisario appartenant à l'internationale socialiste et soutenu depuis toujours par l'Algérie.» Que va faire la France, se demande Causeur. «Pour l'heure, rien ne filtre. Pourtant, il semble essentiel que nous arrivions enfin à rejoindre officiellement les Espagnols et les Américains. L'enjeu est de taille pour nous. Un Maroc fort est pour nous un atout capital, tant dans la lutte contre l'immigration de masse provenant d'Afrique subsaharienne qu'économiquement et stratégiquement. Nous ne devons pas nous laisser intimider dans ce dossier où nos intérêts comme la justice concordent. Nos relations avec l'Algérie ne doivent pas nous empêcher d'aider le Maroc à garantir sa pleine souveraineté. La loyauté du Maroc envers la France est réelle, mais notre pusillanimité pourrait un jour nous la faire perdre.»