Le président américain Joe Biden est attendu mercredi en Israël à l'occasion de sa première tournée au Moyen-Orient, un véritable exercice d'équilibriste entre les méandres du conflit israélo-palestinien, les tensions avec l'Iran et les négociations avec la puissance pétrolière saoudienne. Air Force One a quitté le sol américain et doit se poser vers 15H30 (12H30 GMT) à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, où M. Biden sera accueilli par le président Isaac Herzog et le Premier ministre Yaïr Lapid. Et, aussitôt l'armée israélienne lui fera sur place une démonstration de ses technologies, incluant un laser antidrones, une manière de rallier Washington à sa cabale contre son ennemi numéro un: l'Iran. « Les discussions (avec M. Biden) se concentreront surtout et avant tout sur l'Iran », a déclaré cette semaine M. Lapid, Premier ministre intérimaire jusqu'aux élections anticipées du 1er novembre. Joe Biden, vétéran de la scène politique américaine, avait visité pour la première fois Israël en 1973, quand ce pays était, sous la houlette de Golda Meir, un allié de l'Iran du Shah. Aujourd'hui, Israël tente d'empêcher les puissances occidentales, dont les Etats-Unis, de remettre sur les rails un pacte international de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien, que Donald Trump a sabordé en 2018. Avec une éventuelle levée des sanctions américaines contre l'Iran, l'Etat hébreu redoute qu'un accord ne fasse gonfler l'aide fournie par Téhéran à des alliés comme le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, bêtes noires d'Israël. – 16.000 policiers – La police va déployer quelque 16.000 hommes pendant la visite et de nombreuses routes seront fermées en Israël et à Jérusalem où les policiers quadrillent le centre-ville. « Bienvenue Monsieur le Président », titre une partie de la presse israélienne, alors que sur la rue King David à Jérusalem, où logera Joe Biden, les poteaux ont été coiffés de drapeaux américains pour marquer cette première visite d'un chef d'Etat américain depuis le républicain Donald Trump en 2017. Au grand dam des Palestiniens, l'administration Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et y a déplacé l'ambassade des Etats-Unis, une mesure que Joe Biden n'a pas annulée. La question de Jérusalem est l'une des principales pierres d'achoppement du processus de paix israélo-palestinien suspendu depuis 2014. Les Palestiniens ambitionnent de faire de Jérusalem-Est, la partie orientale occupée par Israël depuis 1967, la capitale d'un futur Etat. Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan a assuré lundi que Washington avait rétabli avec les Palestiniens « des liens diplomatiques quasiment coupés ». Il a énuméré un soutien financier rétabli et le soutien « sans équivoque » de Washington à une solution « à deux Etats », palestinien et israélien. Malgré une demande, aucune rencontre n'est prévue avec la famille de Shireen Abu Akleh, la journaliste américano-palestinienne de la chaîne du Qatar Al-Jazeera tuée par balle en mai lors d'une opération israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. L'ONU, Al-Jazeera, le Qatar, la famille Abu Akleh et différentes enquêtes journalistiques soutiennent que le tir provenait d'un soldat israélien, un scénario jugé « vraisemblable » par les Etats-Unis qui ont écarté l'hypothèse d'un tir délibéré. – Ouvrir les vannes – Vendredi, Joe Biden rencontre à Bethléem en Cisjordanie le président palestinien Mahmoud Abbas. S'il clame prendre le contrepied de Donald Trump, le démocrate de 79 ans n'a pas rouvert le consulat américain à Jérusalem-Est, pas plus qu'il n'a vraiment cherché à relancer le processus de paix. « Jusqu'à présent, nous n'entendons que des mots vides de sens et nous ne voyons aucun résultat », a dit Jibril Rajoub, un responsable palestinien. Autre sujet crucial: la perspective, encore bien hypothétique, d'une normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël qui a établi des liens avec plusieurs pays arabes ces dernières années. Joe Biden tracera un trait d'union symbolique entre les deux pays en effectuant un vol direct inédit vendredi Tel-Aviv-Jeddah. « Le fait que Biden vole directement en Arabie saoudite résume la dynamique des derniers mois (…) Nous espérons et agissons de façon à ce qu'il s'agisse des premiers pas, du début, d'un processus de normalisation », a déclaré mardi un responsable israélien. L'administration Biden voudrait par ailleurs obtenir du royaume saoudien, allié stratégique des Etats-Unis et premier exportateur de brut mondial, qu'il ouvre les vannes pour calmer l'envolée des cours de l'or noir et apaiser l'inflation. En campagne, Joe Biden voulait réduire le royaume au rang de « paria » après l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Elu, il a déclassifié un rapport concluant que le prince héritier et homme fort du royaume Mohammed ben Salmane, dit « MBS », avait « validé » ce meurtre. Samedi à Jeddah, il est prévu qu'il rencontre « MBS ».