Après un score inégalé à la présidentielle, le Rassemblement national est en voie de réaliser une percée historique dimanche au second tour des législatives, avec un groupe de 60 à 100 députés, soit dix à quinze fois plus d'élus qu'actuellement, selon les premières estimations. Sa candidate à l'Elysée Marine Le Pen avait déjà obtenu un score jamais vu au second tour de la présidentielle, avec 41,5% des voix. Le parti d'extrême droite, qui avait déjà progressé de 5,5 points au premier tour, en réunissant 18,7% des voix (13,2% en 2017), semble devoir devancer en sièges le parti de droite Les Républicains, alors que la coalition présidentielle sortante Ensemble! perd la majorité absolue face à l'alliance de la gauche Nupes. En Gironde, terre pourtant peu acquise au RN, la présidente du groupe RN en Nouvelle Aquitaine Edwige Diaz a annoncé sa victoire sur Twitter. « On a gagné », criaient des militants du RN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où Marine Le Pen, qui devrait être réélue haut la main, doit prendre la parole. Le patron par intérim du RN, Jordan Bardella, a salué sur TF1 un « tsunami » pour son mouvement. Le RN, qui était arrivé en tête au premier tour dans 108 circonscriptions, réalise cette performance en dépit d'un scrutin majoritaire et d'une absence d'alliances avec le parti d'Eric Zemmour Reconquête!, sur fond de forte abstention, autour de 54%. Avec plus de 15 élus, le RN constitue ainsi un groupe à l'Assemblée nationale, pour la première fois depuis 1986, ce qui lui permet de disposer de davantage de moyens et de temps de parole. – « Président minoritaire » – Marine Le Pen triple la mise par rapport au nombre de députés qu'avait obtenus son père en 1986 (32 du Front national et 3 du petit mouvement conservateur CNIP). Ce groupe, qui a siégé de 1986 à 1988, nommé Front national-Rassemblement national était alors présidé par le patron du FN, Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen devrait présider le groupe RN. La finaliste de la présidentielle avait dit récemment son « envie de mener la bataille à l'Assemblée avec un groupe de députés » et confié avoir « été extrêmement frustrée ces cinq dernières années, où on n'avait pas les moyens de se battre, où on n'avait pas les moyens de s'exprimer ». Prendre la présidence du groupe devrait la conduire à lâcher la tête du parti, briguée à demi-mot par son actuel président par intérim Jordan Bardella, et le maire de Perpignan et vice-président du RN Louis Aliot. Marine Le Pen avait pourtant peiné à se faire entendre pendant la campagne face au duel entre la coalition de la majorité sortante Ensemble! et celle de la gauche Nupes. Elle avait même démarré sa campagne en quasi perdante, en assurant qu'Emmanuel Macron obtiendrait une majorité, avant de considérer qu'il pourrait ne pas avoir de majorité absolue. La responsable d'extrême droite avait ensuite revu à la hausse ses ambitions, en soulignant que le RN, arrivé en tête dans 108 circonscriptions, pourrait « potentiellement » obtenir autant de sièges, et avait exhorté ses électeurs à faire du chef de l'Etat un « président minoritaire ».