«Los hermanos Azaitar», «le Maroc», «le Sahara» : Ignacio Cembrero, dans les emportements de sa phrase et de son zèle, cultive une curieuse obsession à l'égard du royaume. Indésirable au Maroc, indésirable en Espagne, il reproduit avec la fidélité d'un phonographe toutes les rumeurs sur l'actualité nationale. Prédictions sinistres, suppositions politiques ou plaisanteries sceptiques, bienvenue dans l'univers de Cembrero. Il existe divers ordres de «réclames» journalistiques qui satisfont seulement le besoin de «faire parler de soi.» Il y a une petite histoire à raconter sur Ignacio Cembrero : en 2014, visé par une plainte contre lui en Espagne pour apologie du terrorisme portée par le Maroc, le journaliste a fini par tout perdre : son blog, «Orilla Sur» («rive sud»), quatorze ans d'expérience, ses privilèges en tant que reporter chevronné, et la plupart de ses amis. Sauf un: Ali Lmrabet, mais qui ne lui est d'aucune utilité. Car, apatride volontaire, ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales, Lmrabet est aussi son concurrent pour la poignée de pétrodollars algériens qui restent encore dans les caisses de la bande moribonde de Tebboune et de son maître Chengriha. Depuis, échanges musclés avec ses ex-employeurs, traversée de désert, situation personnelle difficile, et des expériences éphémères dans le journalisme. Après la tourmente de 2014, L'«homme-sandwich» marchant d'un pas morne, anéanti, prend une décision : cibler sans relâche le Maroc dont les services secrets auraient refusé l'offre de services de Cembrero pour manque de crédibilité et pour sa propension à servir le mieux offrant. Tel le négociant à prôner sa marque de fabrique, pour n'être pas éclipsé, écrasé par la concurrence, Cembrero, qui n'a plus besoin de trier les «sujets» qu'il désire «travailler». Il n'a qu'une marotte : le Maroc, le roi Mohammed VI, la diplomatie marocaine, les Azaitar, Lala Salma, le trône alaouite. Bref, le prurit du Maroc le démange, l'obsession s'est graduellement amplifiée, obstinée dans ses procédés, puisqu'elle consiste à vendre du vent. Demander à Ignacio Cembrero d'écrire un article sur un match de football entre le Zimbabwé et les Îles Salomon, ou un match de cricket entre l'Inde et l'équateur, notre homme trouvera toujours le moyen d'y inclure le divorce de Mohammed VI avec Lala Salma, les prisonniers d'opinion au Maroc, les services d'Abdellatif Hammouchi, la torture au Maroc et barlamane.com. Les avancées considérables dans les domaines économique, politique et de démocratie louées par l'ONU, les Etats-Unis, l'Union Européenne à commencer par son pays l'Espagne, Cembrero connaît pas. Et il se présente comme spécialiste du Maghreb. Pourtant, la Tunisie vit une situation chaotique et l'Algérie est au bord de l'effondrement; mais pas un mot de Cembrero car son vocabulaire se limite à tout ce qui a trait au Royaume du Maroc. À Barlamane.com, cité par le journaliste «freelance», nous avons fait remarquer que les constructions sur les plages relevant du domaine public maritime marocain ne sont pas exonérées du respect des procédures et règles de fond du droit de l'urbanisme. Or, les installations des Azaitar à Marina Samir, liées à des exploitations à caractère marchand, enfreignent la loi. Ce que d'autres associations et acteurs de la société civile ont prouvé, au nom d'impératifs de santé et de sécurité publiques. Cembrero abandonne le sujet principal pour évoquer d'autres aspects de médiocre importance, qui n'intéressent personne. Au Maroc, la protection des territoires littoraux et, plus spécifiquement des plages, est fondamentale. En Espagne aussi sans doute. La publication d'un rapport de l'organisation canadienne Citizen Lab, qui assurait avoir identifié plus de soixante personnes de la mouvance indépendantiste catalane dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel espion Pegasus, créé par la société israélienne NSO, était un choc pour Cembrero, lui qui associait principalement l'affaire Pegasus au Maroc. Et à Rabat, on se rit doucement du fait que les pays européens utilisateurs de Pegasus n'aient pas été dévoilés lors des premières révélations... Cembrero, accoutumé à trancher de tout, croit que ses noyaux de pêche contiennent des perles fines, mais ils ne contiennent que des déchets. Articles amers, que ce soit sur la réconciliation scellée récemment entre Madrid et Rabat qui a permis de relancer la coopération bilatérale ; sur la zone d'activités économiques (ZAE) à Fnideq qui prévoit la création de plus de 1 000 emplois directs, lequel a nécessité un investissement de 200 millions de dirhams ; sur le soutien espagnol au plan d'autonomie proposé par Rabat pour son Sahara ou encore sur la réouverture des postes-frontières de Sebta et Mellila. Nos interlocuteurs, familiers des méthodes de Cembrero s'amusent : «M. Cembrero règle ses comptes avec le Maroc à travers des articles sensationnels et très peu fondés. Pour enfoncer profondément quelque chose dans la cervelle de ses rares lecteurs, M. Cembrero est conscient qu'il faut frapper toujours de la même façon et au même endroit, pour que le sujet toujours abordé se loge dans une case de leur mémoire et devient pour eux le prototype de ce qui caractérise le Maroc. Grave question de psychologie, que nous laisserons trancher par les experts !» Cembrero n'aborde jamais les frasques de la monarchie voisine: la sienne! Avant dix ans, le roi Juan Carlos s'est fracturé la hanche droite lors d'un séjour au Botswana. Rapatrié d'urgence, le monarque a été opéré dans la foulée. Cette nouvelle a provoqué une grave polémique en Espagne puisque le souverain assistait à une partie de chasse à l'éléphant contre 30 000 euros, alors que Madrid venait de présenter un budget d'une rigueur sans précédent. Sans parler de la dulcinée de Juan Carlos dont la presse européenne a parlé, sauf Cembrero. Ni de son gendre, Inaki Urdangarin, mis en cause dans une affaire de corruption qui lui a valu d'être entendu par un juge. Cembrero n'aborde jamais les voyages privés de la famille royale espagnole, qui ne sont bien souvent pas «communiqués officiellement ni au gouvernement, ni au Parlement, ni à l'opinion publique», d'après nos constatations. En Espagne, un trait d'humour qui circule dit que Cembrero est beaucoup plus sous-préfet que journaliste, parce qu'il n'a pas le goût -encore moins le courage- de dire la vérité au gouvernement de son pays. Triste fin pour celui qui fut un grand reporter pour El País et El Mundo.