L'adjudant-chef à la retraite Guermit Bounouira a été placé en détention provisoire par le parquet militaire de Blida, près d'Alger, en compagnie d'un autre accusé, le commandant Hichem Darouiche. Ses révalations ont provoqué un séisme en Algérie. Dans une nouvelle vidéo, Mohamed Larbi Zitout, un des leaders du mouvement islamiste Rachad, exilé à Londres, a déclaré que la junte algérienne remue ciel et terre pour effacer les traces des rééclations très embarrassantes de l'adjudant-chef à la retraite Guermit Bounouira, ancien cadre militaire algérien, proche de l'ex-chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, poursuivi pour haute trahison après avoir été extradé par la Turquie. «Le régime algérien n'a pas été institué pour représenter et défendre les intérêts des masses. C'est le despotisme de chefs de hasard et les révélations de M. Bounouira ne sont que la continuation de ce conflit permanent entre les différentes institutions algériennes.» Selon M. Zitout, «les services n'avaient plus à leur tête qu'un chef unique et omnipotent, à l'image du général de corps d'armée Mohamed Mediène, dit Toufik, qui dirigea le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) pendant un quart de siècle, mais aussi un coordinateur à la réputation sulfureuse : Athmane Tartag. Les deux ont profité de la lutte contre le terrorisme pour écarter leurs opposants», affirmant que «le DRS a été l'un des instruments principaux de l'Etat dans sa lutte contre le terrorisme dans les années 1990, outil de lutte redoutable en raison de ses méthodes trop souvent expéditives. Divers organismes ont été créés en son sein afin de mener ses missions, à l'image du Centre principal militaire d'investigation (CPMI) ou encore du Commandement de coordination de la lutte contre l'activité subversive (CCLAS)». Pour M. Zitout, «le DRS était un véritable Etat dans l'Etat et l'un des pôles incontournables du pouvoir algérien, dont le centre névralgique est parfois bien difficile à situer. Le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, réputé pour avoir été un fidèle du président Bouteflika, à qui il doit sa nomination en 2004, alors que nombre de hauts gradés souhaitaient l'envoyer à la retraite, a tout fait pour saboter un rapprochement entre Paris et Alger.» Aussi, souligne M. Zitout, «la France assurément n'a pas d'alliance avec l'Algérie, mais elle y protège tous ses intérêts, et pour longtemps encore car c'est la seule option souhaitable pour elle», ajoutant également que la politique d'Abdelmadjid Tebboune n'a rien d'une politique sagement préventive. Pour lui, Paris a soutenu le président Abdelaziz Bouteflika afin qu'il brigue un cinquième mandat lors de la présidentielle qui était prévue en avril 2019. La question d'une nouvelle candidature du défunt chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1999 et détenteur du record de longévité à la tête de l'Algérie, a fait l'objet de nombreuses spéculations. Affaibli par les séquelles d'un accident vasculaire cérébral (AVC) remontant à 2013 qui ont affecté son élocution et sa motricité, Abdelaziz Bouteflika n'a pas fait part de ses intentions. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a prédit «un retour à la normale» des relations avec la France, en pleine crise, à condition qu'elles se fassent sur une base d'«égal à égal», n'est pas un interlocuteur respecté par Paris. Le président français Emmanuel Macron avait déclenché la colère d'Alger après des propos, rapportés le 2 octobre 2021, accusant le système «politico-militaire» algérien d'entretenir une «rente mémorielle». D'après le quotidien, il avait questionné l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation française. En signe de protestation, l'Algérie a rappelé son ambassadeur en France et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français desservant le Sahel, où sont déployées les troupes de l'opération antidjihadiste Barkhane. S'agissant de la question du Sahara, M. Zitout a déclaré que le Caire soutient l'intégrité territoriale du Maroc après la brève visite du président Tebboune en Egypte. Rabat soutient un règlement pacifique du conflit et s'attache au processus politique conduit par l'ONU. L'ambassadeur égyptien au Maroc a déclaré en marge du déplacement de Tebboune que le Caire «ne reconnaît pas et n'a aucun lien» avec la Rasd.