Un professeur d'université marocain, poursuivi pour «attentat à la pudeur avec violence» dans une affaire de chantage sexuel visant des étudiantes en échange de bonnes notes, a été condamné à deux ans de prison ferme, rapportent mercredi 12 janvier des médias locaux. Il s'agit du premier verdict prononcé dans le cadre du scandale connu sous le nom de «sexe contre bonnes notes», qui éclabousse l'institution universitaire. Enseignant en sciences économiques à l'université Hassan Ier de Settat, ce professeur en détention préventive a été reconnu coupable d'«attentat à la pudeur», «violence» et «harcèlement sexuel» devant la chambre criminelle de la cour d'appel de cette ville proche de Casablanca, selon les médias. L'une des plaignantes a renoncé à toute poursuite judiciaire en échange d'un dédommagement de 70 000 dirhams (6.640 euros), ont-ils précisé. Quatre autres professeurs d'université, dont deux sont en liberté provisoire, doivent comparaître jeudi dans le cadre du même scandale. Ils font face à de lourdes charges: «incitation à la débauche», «discrimination fondée sur le genre», «violence contre des femmes»… En raison du scandale, le doyen de la faculté de droit et d'économie de Settat a démissionné fin novembre. L'affaire dite du «sexe contre des bonnes notes» a été relayée en septembre par des médias locaux après la diffusion sur les réseaux sociaux de messages à caractère sexuel échangés entre un des professeurs poursuivis et ses étudiantes. D'autres scandales similaires ont éclaté récemment. Ces dernières années, plusieurs cas de harcèlement sexuel subi par des étudiantes de la part de leurs professeurs au sein des universités marocaines ont été médiatisés mais souvent sans que des plaintes ne soient déposées. Et quand elles l'ont été, la plupart sont restées sans suite. Porter plainte contre son agresseur est une démarche très rare dans une société conservatrice qui pousse le plus souvent les victimes de violences sexuelles à se taire, par peur de représailles, du regard des autres ou pour sauvegarder la réputation de la famille. Les associations de défense des droits humains et les médias tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur les violences infligées aux femmes marocaines. En 2018, après des années de vifs débats, une loi est entrée en vigueur. Pour la première fois, elle rend passible de peines de prison des actes «considérés comme des formes de harcèlement, d'agression, d'exploitation sexuelle ou de mauvais traitement». Le texte a toutefois été jugé «insuffisant» par les mouvements de défense des droits des femmes qui appellent à plus de sévérité face à ce fléau.