Le texte a été validé jeudi matin par 214 voix contre 93, et 27 abstentions. Il doit désormais être examiné par le Sénat en début de semaine prochaine. Après trois jours de débats tumultueux, alimentés par des propos controversés d'Emmanuel Macron, prêt à «emmerder» les non-vaccinés, l'Assemblée nationale a adopté jeudi 6 janvier au petit matin en première lecture le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal. Annoncé mi-décembre par l'exécutif face à l'épidémie galopante de Covid-19, le texte a été approuvé à 05 heures 25 par 214 voix pour, celles de la majorité et d'une partie des LR et du PS. Ils ont été 93 députés à se prononcer contre, dont la gauche de la gauche, le RN, et 3 dissidents LREM. Vingt-sept se sont abstenus. Le projet de loi doit désormais être examiné par le Sénat dominé par la droite en début de semaine prochaine, pour une entrée en vigueur que le gouvernement voulait au 15 janvier mais qui devrait être repoussée de quelques jours. Il faudra alors aux plus de 12 ans pouvoir justifier d'un statut vaccinal pour accéder aux activités de loisirs, aux restaurants et bars, aux foires ou aux transports publics interrégionaux. Un test négatif ne suffira plus, sauf pour accéder aux établissements et services de santé. Parmi leurs amendements de retouche, les députés ont repoussé de 12 à 16 ans la nécessité d'un passe vaccinal pour les sorties scolaires et activités péri et extrascolaires. La dernière nuit de discussions a avancé cahin-caha, avec quelques éclats de voix sur le passe sanitaire dans les meetings ou la situation outre-mer. Le cap de l'article 1er (sur 3) n'a été franchi qu'à 3 heures du matin. «On est fatigués, des députés doivent rentrer en circonscription», lâchait un élu dans les couloirs, tandis que le ministre de la Santé Olivier Véran se disait prêt à «enchaîner» la séance avec des réunions matinales. «Propos indignes» Jusqu'au bout de la nuit, les parlementaires ont échangé sur le fond, les oppositions ciblant en particulier les contrôles d'identité que pourront opérer cafetiers ou restaurateurs en cas de «raisons sérieuses» de penser qu'il y a fraude au passe vaccinal. Martine Wonner, égérie des covidosceptiques, a dit craindre «une société de délation». Les députés LR, qui se sont finalement divisés sur le vote d'ensemble du projet de loi (28 pour, 24 contre, 22 abstentions), ont annoncé qu'ils saisiraient le Conseil constitutionnel sur ce point des contrôles. Le premier ministre Jean Castex était venu lui-même mercredi après-midi demander aux parlementaires d'accélérer, après le blocage, voire selon LFI la «crise», provoqués par les propos d'Emmanuel Macron. «Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie», avait clamé le chef de l'Etat dans un entretien au Parisien mardi. «Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n'est plus un citoyen», a-t-il ajouté. Sommé de s'expliquer, Jean Castex a d'abord confirmé devant le Sénat sa volonté de mettre la pression sur les non-vaccinés. «Qui outrage la nation ? (…) Qui conduit les soignants dans nos urgences à faire des choix éthiques dramatiques ? Eh bien c'est une infime minorité», a-t-il tancé. Puis au Palais Bourbon, le premier ministre a exhorté les députés à «débattre dans des délais rapides», compte tenu de la situation sanitaire. Jean Castex aura à nouveau l'occasion de s'exprimer, jeudi à 8H30 sur RMC et BFMTV, alors que l'épidémie flambe. Quelque 332.252 nouvelles contaminations au Covid-19 ont été enregistrées mercredi, un nouveau record, tandis que le nombre de malades hospitalisés a continué d'augmenter, notamment dans les services de soins critiques. Et 66.000 personnes avaient reçu une première dose de vaccin mercredi, un record depuis le 1er octobre, selon Olivier Véran, qui a semblé faire le lien avec la pression exercée par l'exécutif.