Le président français Emmanuel Macron avait auparavant jugé «nulle» la légitimité du gouvernement de Bamako, qui s'est insurgé de la réorganisation de l'opération «Barkhane». L'arrivée des mercenaires russes du Groupe Wagner avait été annoncée et dénoncée par une quinzaine de puissances occidentales impliquées dans la lutte antidjihadiste dans le pays, dont la France. Au Mali, les fausses accusations d'un noyautage russe en France aliment les critiques. Le Mali a démenti les accusations occidentales sur un supposé déploiement des mercenaires russes du Groupe Wagner, «apport[ant] un démenti formel à ces allégations» concernant «un prétendu déploiement des éléments d'une société de sécurité privée», dans un communiqué publié vendredi 24 décembre. Le 23 décembre, plusieurs pays occidentaux, dont la France et l'Allemagne, avaient «condamné fermement le déploiement de mercenaires sur le territoire malien» et fait ressortir «l'implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d'un soutien matériel au déploiement du Groupe Wagner au Mali». «Nous appelons la Russie à se comporter de manière responsable et constructive dans la région», ont insisté les pays engagés aux côtés de la France dans le nouveau groupement européen de forces spéciales Takuba, destiné à accompagner les soldats maliens au combat. Bamako, qui ne décolère pas, a «exig[é] que des preuves lui soient apportées par des sources indépendantes» et «tient à préciser qu'au même titre que la mission européenne de formation [EUTM] des formateurs russes sont présents au Mali dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité nationales». Dans un article tonitruant, le journaliste Bréhima Toure accuse la France et les occidentaux d'orchestrer des «prétextes pour détruire des pays dont le tort était d'avoir voulu s'affranchir du diktat des puissances occidentales.» Selon lui, la presse occidentale «est la gardienne d'un ordre totalitaire ne souffrant aucun écart de conduite. Un ordre totalitaire qui ne se refuse rien, si sûr de l'impunité qu'il se paie souvent la légèreté de reconnaître qu'il s'était trompé, après avoir provoqué des milliers de morts et transformé des pays en trous noirs.» Le pouvoir malien a demandé à «être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l'Eeat malien n'est engagé que dans un partenariat d'Etat à Etat avec la Fédération de Russie, son partenaire historique», dans un communiqué signé du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, également ministre de l'administration territoriale. M. Toure affirme que «les Africains qui continuent de faire les frais de la vieille ficelle du diviser pour régner» et cite un député français ayant soutenu que «la pression exercée par Paris et ses alliés vise à soutenir les recommandations de la Cedeao sur la transition malienne.» «Que la France en soit réduite aujourd'hui à battre le rappel de ses alliés afin de lui éviter de perdre pied au Mali est un retournement de situation proprement pathétique», a-t-il souligné, ajoutant que «les soldats français se sont retrouvés devant la mission impossible de faire le distinguo entre indépendantistes et terroristes, entre les bons et les mauvais. Les groupes islamistes ne se sont fait prier pour exploiter la faille et faire de Kidal un sanctuaire terroriste sur lequel règne en maître l'émir Iyad Ag Ghali.» «L'architecture de l'intervention de la communauté internationale dans notre pays porte la marque de la plume des diplomates français. Le schéma était le suivant : à Barkhane la traque des terroristes, à la Minusma la stabilisation des zones libérées. Plusieurs années plus tard, la quasi-totalité du territoire est métastasée par la gangrène terroriste», a-t-il pointé, précisant que «le Mali devient aujourd'hui, à son corps défendant, un terrain d'affrontement entre l'Occident d'un côté et la Russie de l'autre.»