Pour Alger, toute compétition continentale ou internationale organisée au Sahara revient à cautionner la position du Maroc. Une véritable obsession, qui transpire dans les délibérations des organes dirigeants des fédérations, dans celles des comités d'organisation des différents événements, et dans les législations âprement discutées par les parties des diverses catégories professionnelles intéressées par le sport. En mars 2021, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) Fouzi Lekjaâ a été élu membre du conseil de la FIFA, lors de l'assemblée générale de la Confédération africaine de football (CAF). Dans les coulisses, une bataille rude a été menée par Rabat pour faire approuver un amendement inédit, qui décrète que «la Confédération africaine de football est ouverte à toutes candidatures d'associations nationales africaines comme représentants officiels gérant le football dans un pays reconnu comme Etat indépendant et membre de l'ONU». Auparavant, l'article 4, stipulait que «la Confédération africaine de football est ouverte à toutes candidatures d'associations nationales africaines comme représentants officiels gérant le football dans leurs pays respectifs». La CAF, en somme, n'admettra plus un membre nouveau au sein de ses instances, s'il n'est pas reconnu comme un Etat indépendant par l'ONU. En Algérie, le choc et la colère sont manifestes, après que le désir de faire admettre dans l'avenir une fédération de football de la «RASD» se fût évaporé. Le sport est devenu pour le régime algérien l'objet de controverses politiques ouvertes avec le Maroc, largement présent sur l'agenda gouvernemental et administratif, national ou local de la junte algérienne, avec des motifs idéologiques. Le pouvoir d'Alger et ses notables cooptés ont prétendu refuser la «politisation» du sport tout en cautionnant et légitimant de facto les prétentions des milices du Polisario, alors que les organisations sportives algériennes s'étaient métamorphosées en zélés télégraphistes de la bureaucratie gérontocratique hostile au Maroc. Mobilisations obsessionnelles portées par des coalitions d'acteurs divers Le 8 décembre, quelques heures seulement après le tirage au sort, la Confédération africaine de handball (CAHB) a décidé de suspendre les résultats de l'échantillon, un recours en opposition ayant été déposé par une des équipes participant au championnat, en l'occurrence l'Algérie. Le lendemain, «à la suite des recours enregistrés au secrétariat général de la confédération après le tirage au sort, le comité exécutif a pris la décision de reporter la 25e édition de la Coupe d'Afrique séniors hommes au-delà du mois de janvier 2022», a déclaré la CAHB sans explication. «La Confédération africaine de handball reste vague sur les raisons réelles des recours déposés. Mais, compte tenu de la décision de l'Algérie de boycotter la compétition, une forte présomption penche en faveur d'un recours déposé par les Verts pour contester le tirage au sort. D'autres équipes en lice ont également pu contester le remplacement de dernière minute de l'Algérie par le Kenya. Ce qui de fait viendrait sensiblement réduire leurs chances de qualification en phase à élimination directe», écrit le site spécialisé Sport News Africa. La CAHB procédera «à un examen approfondi du dossier, au cours de sa session prévue le 28 décembre», alors que l'Algérie a décidé de bouder la compétition qui se déroule dans deux villes sahariennes. En 2020 déjà, l'Algérie a eu beaucoup de peine à cacher son irritation, alors que la CAN-2020 de futsal, organisée par le Maroc au Sahara, est devenue une réalité tangible. Cette compétition de futsal, discipline apparentée au football, s'est tenue du 28 janvier au 7 février 2020 à Laâyoune, la ville la plus importante du territoire. Pour saboter cette messe, le Comité olympique algérien (COA) a tenté d'exercer des pressions sur la Confédération africaine de football (CAF) avec la Fédération algérienne de football (FAF). Cette dernière a fait savoir qu'elle ne prendrait pas part, si elle était conviée, aux festivités du 63e anniversaire de la CAF qui doivent avoir lieu dans la foulée de la CAN. Plusieurs officines algériennes ont également accaparé la palme de l'indignation comme «le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui» qui s'en est pris directement au président de la CAF, le Malgache Ahmad Ahmad, accusé de «couvrir, sinon être complice d'une politisation outrancière des événements sportifs». Et une association algérienne de promotion du sport féminin a pour sa part «dénoncé l'instrumentalisation politique du sport.» Pretoria, incarnée par la Fédération sud-africaine de football (SAFA) a, elle, décidé aussi de retirer son équipe de la compétition, étant donné que le Congrès national africain (ANC) soutient le Front Polisario. Personne ne peut plus feindre de l'ignorer : l'Algérie politise massivement le sport africain essentiellement en usant de tous les appareils de propagande nationaux ou transnationaux, un battage promu par des plumes vautrées dans le populisme sportif, une attitude qui fonctionne comme un immense paravent ou écran de fumée derrière lequel la «clique» dominante et ses «laquais», ont organisé la répression systématique des militants des droits de l'homme, des opposants, des cyberdissidents, des syndicalistes, tous qualifiés de «forces hostiles à l'Etat.»