Vainqueur mal élu de la présidentielle contestée du 12 décembre 2019 en Algérie et considéré comme illégitime par le puissant mouvement de contestation réprimé par les autorités, Abdelmadjid Tebboune cherche à véhiculer l'image d'un président qui incarne l'avenir, mais certaines habitudes sont dures. Abdelmadjid Tebboune a décidé en 2020 d'abandonner le prédicat honorifique «Son Excellence» qui a toujours été associé à la charge présidentielle en Algérie, et d'autres expressions de la procédure implantées dans la terminologie du système algérien. Sauf que ses ministres font fi de ces instructions censées incarner la promesse de «nouvelles institutions» et «mener vers une Algérie nouvelle». En avril 2020, «Abdelmadjid Tebboune a ordonné à l'ensemble des départements ministériels et des institutions de l'Etat de cesser d'utiliser l'expression "sur orientations et sur instructions du président de la République ", a indiqué à Alger le ministre conseiller de la communication, porte-parole officiel de la présidence de la République, Mohand Oussaid», avait rapporté APS. «Intervenant à l'occasion d'une conférence de presse, M. Belaid a rappelé que le président Tebboune avait ordonné, lors de la cérémonie de prestation de serment, le retrait du titre de "Son Excellence", ajoutant que « le Président ne demande pas à être sacralisé ou glorifié, mais de lui apporter un soutien solide», a-t-on détaillé. «Si je réussis, aidez-moi et encouragez-moi, et si j'ai failli corrigez-moi. Le culte de la personnalité est révolu dans l'Algérie nouvelle», avait déclaré Abdelmadjid Tebboune lors de son investiture. Abdelmadjid Tebboune a été élu à l'issue d'un scrutin qui a connu la plus faible participation de toutes les présidentielles pluralistes en Algérie : 39,38 %, un chiffre contesté par la contestation et certains analystes, qui l'estiment encore plus faible en réalité. Abdelmadjid Tebboune est un ancien fidèle du défunt président Abdelaziz Bouteflika, dont il fut longtemps ministre, puis l'éphémère premier ministre, avant d'être limogé au bout de trois mois et d'entrer en disgrâce. Mais pour le Hirak, aucun changement ne peut être possible avec ce fonctionnaire de carrière et authentique apparatchik, lequel reste un pur représentant du «système» à la tête du pays depuis son indépendance en 1962, «système» qui bâillonne toutes les voix dissidentes.