La Russie a resserré ses relations économiques et politiques avec la Libye et l'Algérie ces dernières semaines, deux pays avec lesquels elle entretenait des relations bilatérales étroites et qu'elle considère désormais comme un tremplin pour sa stratégie expansionniste en L'Afrique du Nord et le Sahel, régions clés pour l'avenir de l'Union européenne, rapporte le média Swissinfo. La même source fait savoir qu'en ce qui concerne la Libye, l'ancre russe est solidement implantée à l'est, où elle collabore depuis 2015 avec le controversé maréchal Khalifa Haftar, maréchal et commandant en chef de l'armée nationale libyenne, et homme fort du pays grâce à son contrôle de la majorité des ressources pétrolières. Depuis 2017, le maréchal bénéficie du soutien de plusieurs sociétés privées de sécurité militaire (PSMC), notamment le célèbre « Groupe Wagner », combattu dans les conflits en Ukraine et en Syrie, prolongé par d'autres pays africains, et détenu par l'oligarque Evgueni. Le départ des mercenaires russes, ainsi que d'autres soldats de fortune soudanais, syriens, arabes, tchadiens, européens et même nord-américains est l'un des points de friction qui menace tant l'accord de cessez-le-feu négocié il y a un an par Ankara et Moscou comme le processus de transition politique lancé par l'ONU, qui devrait aboutir aux élections de fin d'année. Dans ce contexte, de hauts responsables du Kremlin ont tenu cette semaine une rencontre inhabituelle avec le ministre libyen du pétrole et du gaz, Mohamed Aoun, un secteur auquel Moscou s'intéresse de plus en plus et dans lequel elle a déjà d'importants intérêts commerciaux, liés à la rénovation et à la protection de l'industrie locale. Selon la presse locale, lors de la réunion, organisée pour relancer le comité conjoint libyen-russe, les participants ont convenu d'élaborer un plan pour augmenter le volume des échanges commerciaux bilatéraux, des investissements et de la coopération scientifique et technique. En plus de renforcer des projets déjà en cours comme celui initié par le russe Tatneft, qui a repris début octobre les opérations de forage du puits d'appréciation de Ghadamès, dans le nord-ouest de la Libye, en collaboration avec la Libyan National Petroleum Company (NOC). « L'intérêt de la Russie a évolué au cours des deux dernières années. Avant, elle considérait la Libye comme une simple plate-forme pour s'installer dans l'arrière-cour de l'OTAN et un tremplin dans sa lutte avec la Chine pour les matières premières », a déclaré un diplomate libyen à l'agence EFE. « Mais maintenant ils comprennent que c'est aussi un pays avec de nombreuses ressources économiques dont leurs entreprises peuvent aussi profiter, non pas tant pour les enrichir mais pour empêcher les entreprises européennes ou nord-américaines d'entrer », ajoute un collègue européen d'Efe, qui préfère également pour la sécurité ne pas être identifié. Haafter et la Russie sont deux des acteurs libyens qui résistent le plus au retrait des mercenaires étrangers, ce que l'ONU exige également.Dans le même ordre d'idées, la Russie a intensifié ces dernières semaines ses contacts avec l'Algérie, pays qui partage la frontière la plus longue et la plus instable du Sahel, un lieu d'intérêt géostratégique essentiel pour l'UE. Il y a quelques jours, un prétendu accord secret a été signalé pour l'entrée d'unités du « groupe Wagner » dans le but présumé de se positionner en marge avec le Mali et le Niger, un pacte que les deux gouvernements n'ont ni confirmé ni fermement nié. Et cette semaine, des hauts responsables des deux pays se sont entretenus par téléphone sur le conflit au Sahara dans le cadre d'une visite officielle du Front Polisario à Moscou afin de coordonner les politiques dans la région après la nomination du nouvel envoyé spécial de l'ONU. « La Russie a toujours été du côté de l'Algérie, tout comme le Maroc a toujours compté sur les Etats-Unis et l'Europe. Maintenant, les Algériens ont rompu les relations avec leur voisin et la Russie comprend qu'il y a une meilleure occasion de placer ses pions dans un très zone délicate à l'Europe. C'est une relation gagnant-gagnant », conclut une source militaire européenne à EFE