Donald Trump a annoncé mercredi le lancement de son propre réseau social, «Truth Social», après avoir été banni en janvier de Twitter, Facebook et YouTube, qui l'accusent d'avoir utilisé leurs plateformes pour inciter ses partisans à la violence avant l'assaut contre le Capitole. L'ancien président veut ainsi «résister face à la tyrannie des géants des technologies», qui ont «utilisé leur pouvoir unilatéral pour réduire au silence les voix dissidentes en Amérique», déclare-t-il dans un communiqué. La plate-forme appartiendra au groupe nouvellement créé Trump Media & Technology (TMTG), une structure qui fournira également un service de vidéo à la demande et des podcasts «non-woke», précise le communiqué. «Nous vivons dans un monde où les talibans ont une énorme présence sur Twitter alors que votre président américain préféré a été réduit au silence. C'est inacceptable», poursuit Donald Trump. Même sans Twitter, le milliardaire républicain s'est rapidement remis en campagne depuis qu'il a quitté la Maison-Blanche. De rassemblements en communiqués, il soutient les candidats qui lui sont fidèles en vue des élections clés de mi-mandat («midterms») de novembre 2022, un œil tourné vers 2024. L'occasion pour lui de continuer à répéter ses allégations d'élection «volée» par les démocrates en 2020. Assaut contre le Capitole Donald Trump avait été évincé de Facebook, Twitter et YouTube après le violent assaut mené contre le Capitole par ses partisans, lors de la cérémonie de certification de la victoire du démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle, le 6 janvier. Cinq personnes ont trouvé la mort pendant ou peu après l'attaque, dont un policier, mais aussi une manifestante tuée par un agent alors qu'elle tentait de forcer une porte à l'intérieur du bâtiment avec des dizaines d'autres. Twitter avait alors exclu Donald Trump «indéfiniment à cause du risque de nouvelles incitations à la violence», le coupant de ses près de 89 millions d'abonnés. Furieux de ne plus avoir accès à son porte-voix favori, où il avait mené campagne en 2016, annoncé nombre de grandes décisions présidentielles ainsi que des limogeages tonitruants, l'ex-président avait promis la création d'un réseau social. Il avait brièvement lancé en mai un blogue, qui n'était en fait qu'un onglet sur son site où étaient rassemblés ses communiqués, avant d'y mettre un terme sous les moqueries d'observateurs convaincus qu'il s'agissait du réseau social promis. Lancement en 2022 Truth Social sera accessible en version bêta sur invitation dès novembre 2021, avant un lancement généralisé au premier trimestre 2022, précise le communiqué, qui indique que l'application est déjà disponible en précommande sur l'App Store. Le groupe Trump Media & Technology va fusionner avec Digital World Acquisition Corp (DWAC) afin d'être cotée, indique le communiqué. L'entreprise DWAC est une Spac («Special Purpose Acquisition Company») : une société sans activité commerciale et dont le but est de lever des fonds en entrant sur une place boursière, puis de fusionner avec une société cible qui souhaite se faire coter, le nouveau groupe de Donald Trump en l'occurrence. DWAC est cotée à l'indice NASDAQ et, toujours selon le communiqué, le nouveau groupe de Donald Trump serait ainsi valorisé à 875 millions de dollars. «Je suis enthousiaste à l'idée de commencer bientôt à partager mes idées sur Truth Social», dit celui qui avait également 35 millions d'abonnées sur Facebook et 24 millions sur Instagram avant d'en être exclu. Trump vs les géants de la technologie «Félicitations», a salué dans un communiqué Jason Miller, un ancien conseiller de M. Trump et désormais patron d'un autre réseau social conservateur baptisé «Gettr». «Maintenant, Facebook et Twitter perdront encore plus de parts de marchés», a-t-il ajouté, en dépit de la croissance régulière du nombre d'utilisateurs des deux géants. En janvier, l'ostracisation soudaine du chef de l'Etat avait largement été qualifiée de «censure» par les républicains, et globalement saluée par les élus démocrates, et la société civile américaine. Mais en Europe, elle avait suscité des critiques d'associations et de dirigeants, dont la chancelière allemande Angela Merkel, inquiets du pouvoir des sociétés technologiques sur la liberté d'expression. Les mouvances conspirationnistes américaines, soutiens affichés de Donald Trump, et les organisations impliquées dans les émeutes (comme les Oath Keepers, les Three Percenters, et les Proud Boys) avaient aussi été chassées des réseaux dominants. Elles s'étaient réfugiées sur des plateformes moins grand public, dont Parler, sorte de Facebook des conservateurs. Le site avait alors été exclu plusieurs semaines du web par Google, Apple et Amazon, parce qu'il enfreignait leurs règles sur la modération des contenus incitant à la violence.