Une chaîne algérienne a évoqué dans un reportage une possible insuffisance des stocks de gaz au Maroc pour couvrir la demande en cas de grand froid l'hiver, appuyant ses allégations par des images de queues devant des réseaux de distribution. Les scènes, en réalité, se sont déroulées au Liban. Des files d'attente se sont formées devant des points d'approvisionnement en gaz et des voitures se sont à agglutinées devant les stations-services pour faire le plein d'essence, croit savoir une chaîne algérienne diffusant des images prétendument tournées au Maroc. Montrées en boucle, les scènes accréditeraient l'idée d'une possible pénurie de gaz au Maroc. Vérification faite, il s'agit d'un reportage manipulant des événements se déroulant dans un autre pays à des fins peu avouables. Les scènes, en réalité, se déroulaient au Liban, qui été confronté à une pénurie de gaz en raison du non-paiement par la Banque centrale des fonds nécessaires aux importateurs. La crise économique libanaise a été marquée notamment par une dégringolade de la monnaie nationale et une inflation galopante qui engendre des pénuries en tout genre, alors que la Banque centrale s'abstenant d'ouvrir de nouvelles lignes de crédit, sur fond d'une fonte de ses réserves en devises étrangères. Conséquence : des queues se sont formées dans plusieurs régions du pays devant les fournisseurs de gaz domestique et les craintes de voir les bonbonnes de gaz disponibles uniquement sur le marché noir avaient été formulées par Farid Zeinoun, président du syndicat des distributeurs de bonbonnes de gaz. La livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar depuis l'automne 2019 et la bonbonne de gaz domestique coûte aujourd'hui 60 000 livres libanaises, soit 40 dollars aux taux de change officiel et trois dollars au taux du marché noir. Le Liban est déjà à court d'essence, de fioul et de médicaments, tandis que les coupures de courant atteignent plus de 22 heures par jour. Le Maroc, lui, a annoncé améliorer sa sécurité d'approvisionnement alors que les cours du gaz ont atteint de nouveaux records en pleine crise mondiale de l'énergie et sur fond de tensions internationales sur les livraisons, anticipant la probable volonté algérienne de ne pas renouveler un important contrat lié au gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui relie depuis 1996 les gisements algériens à l'Europe via le Maroc et qui arrive à expiration fin octobre.