Les sorties médiatiques de Abdelmadjid Tebboune dans lesquelles quel qu'en soit le sujet, il ne manque pas d'inclure ses menaces contre le Maroc, et la diffusion par les médias algériens de produits numériques pleins de contradictions, interpellent journalistes sur les chaines satellitaires et influenceurs sur les réseaux sociaux. Les spécialistes de la question et observateurs politiques commencent à voir dans cette récurrence, une obsession, qui entame la crédibilité du régime d'Al Mouradia. Dossiers construits à la hâte sur la base de déclarations invérifiables, conclusions tirées sur simple annonce de preuves jamais exposées à l'appréciation de l'opinion publique : autant de faits qui convergent vers le climat conspirationniste inspiré d'époques révolues que tente de créer le président algérien, pour aller en croisade contre le Maroc. Il s'agit là d'occuper le peuple dans une cause populiste sous couvert de nationalisme pour renvoyer aux calendes grecques les vrais défis socio-économiques et politiques du pays. La chute du PIB de 6% et le taux de chômage de 12% contribuent à la détérioration progressive de la situation en Algérie. Le muselage du Hirak et de la liberté d'expression avec la dissolution de l'association « RAJ », la cherté de la vie, le nombre croissant de candidats à l'immigration clandestine, autant de problèmes sociaux impactés par une économie mono-produit qui n'a plus les moyens de sa politique. Le plan de relance à horizon 2024 est jugé trop lointain pour répondre aux préoccupations quotidiennes des Algériens, d'autant que les analystes économiques le jugent irréalisable en deux ans et irréaliste. Autant, partir en croisade comme au Moyen-âge, occuper le peuple, juge de manière imprudente le palais d'al Mouradia. Sauf que le peuple ne fait pas la guerre, c'est l'armée qui va au front. La guerre, le peuple la subit. Invité au JT (journal télévisé) du soir, le 14 octobre dernier sur la chaine satellitaire « Al hurra » Yaiir Masri, chercheur à l'université hébraïque de Jérusalem, a commenté, depuis al Qods, le reportage intitulé : « سقوط خيوط الوهم« , [NDLR : « La fin des illusions »] diffusé par la chaîne algérienne « الإخبارية 3 », [Al Ikhbaria 3]. Ce reportage portait sur l'arrestation des membres du « MAK », accusés de conspiration avec Israël et le Maroc, en vue de commettre des actes terroristes en Algérie. Le chercheur en a minimisé la portée médiatique, au vu de la « médiocrité » du produit. Il a également expliqué l'acharnement des gouvernants algériens contre Rabat et Tel-Aviv par la faiblesse du régime « vert-kaki ». Quand un régime prend l'eau, pour se maintenir et cacher les fissures en l'édifice, il jour sur le populisme et l'instrumentalisation. Ainsi, il analyse la diffusion de ces accusations fallacieuses comme moyen de détourner l'attention de l'opinion publique des véritables maux socio-économiques et politiques, dont pâtit ce pays. Le rôle de l'Algérie à l'international a-t-il commenté, n'étant pas stratégique, Israël n'aspire pas à normaliser ses relations avec ce pays, avant de mettre en garde contre le soutien indéfectible algérien au « polisario », taxé de « terrorisme ». La chaine satellitaire a également donné la parole durant ce JT, au politologue algérien, Abderrazak Saghour, qui s'est, naturellement aligné sur la « théorie de complot » adoptée par le régime militaire en Algérie, en accusant Israël de conspiration avec ses alliés, en allusion au Maroc, contre son pays et ce, à travers leur soutien aux mouvements « terroristes », à l'image du « MAK » et « Rachad ». De son côté, la chaine « youtube » pro-marocaine « ça vient du Maroc » a relayé, le 12 octobre, un extrait du JT diffusé, le 23 septembre 2021, par la chaine française « Tv5 Monde », qui s'est longuement attardé sur la fermeture par les autorités algériennes de leur espace aérien aux avions marocains. Pour la commenter, TV5 a donné la parole au journaliste franco-algérien Kader Abderrahim qui a qualifié cette décision de « grave », apparentée à une « quasi-déclaration de guerre ». Il a déploré le fait qu'Alger se déploie pour l'exportation de ses crises internes, au moment où le Maroc a réussi, grâce à son « projet africain », à s'intégrer dans le continent, en quête de nouveaux succès, après la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. Il a conclu sur la nécessité d'une médiation diplomatique des partenaires des deux pays pour mettre fin à cette crise bilatérale, vu la proximité du Maghreb avec la France et l'Europe de manière générale. Un autre youtubeur, Oualid Kebir -spécialisé en relations maroco-algériennes et président de « l'Association maghrébine pour la paix, la coopération et le développement » à Oujda- a posté, le 13 octobre sur sa chaine « youtube » éponyme, un enregistrement-vidéo dans lequel, il a attiré l'attention sur la non concordance entre le contenu du communiqué publié auparavant par la police algérienne et la teneur du reportage en question. L'absence de preuves tangibles sur la présumée « implication » du Maroc et d'Israël dans ces prétendus « plans déstabilisateurs », interroge le fondement de la campagne médiatique anti-marocaine, et questionne la capacité du régime « vert-kaki » à gérer les affaires du pays, précise-t-il. Le journaliste algérien, Hichem Aboud, refugié en France a mis en ligne, dans la même soirée sur sa chaine « youtube » « Aboud Hichem TV », un enregistrement-vidéo dans lequel il estime que le reportage en question met à nu, implicitement, l'inefficacité des services de renseignement algériens. Il les qualifie d'incapables de déjouer les « visées » des agents israéliens et marocains en Algérie depuis 2014, démontrant par là-même l'argumentaire chimérique côté algérien. A cet égard, il a appelé les officiels marocains à exprimer une position favorable à la Kabylie en soutenant, véritablement, le « MAK » et « Rachad », tant que le régime d'al Mouradia ne cesse d'accuser Rabat de conspiration avec ces deux mouvements indépendantistes. L'ex-officier et écrivain algérien Anouar Abdelmalik, exilé en France a lui aussi diffusé, le même jour, sur sa chaine « youtube » « Amalek TV », un long enregistrement-vidéo dans lequel il a critiqué « la politique de deux poids, deux mesures », adoptée par Abdelmajid Tebboune. Il a de ce fait mis l'accent sur la dernière sortie médiatique du président qui s'attaque au Maroc au moment où il invite, en filigrane, la France, sur un ton mesuré à la table du dialogue. L'ex-officier a conclu sur le sujet en qualifiant l'instrumentalisation par le régime algérien de la carte du « Sahara occidental » de manœuvre qui vise à compromettre les intérêts marocains dans la région et à entraver l'instauration d'une union maghrébine forte.