L'annulation de deux accords entre le Maroc et l'Union européenne – celui sur la pêche et le libre-échange et les produits agricoles – par le Tribunal de l'Union européenne (CJUE) a un aspect économique négligeable, décrit El Pais. Les arrêts sont susceptibles d'appel devant la Cour de justice de l'Union européenne, qui aura le dernier mot. «Le Maroc est convaincu que la justice européenne finira par maintenir les accords commerciaux entre Rabat et l'Union européenne (UE), l'un portant sur les produits agricoles et l'autre sur la pêche» estime El País. «À chaque fois que l'accord de pêche est évoqué, il est rappelé qu'il concerne 128 bateaux, dont 93 espagnols. Ce qui n'est généralement pas précisé, c'est combien d'entre eux travaillent au Sahara. Les navires espagnols sont divisés en cinq catégories (senne coulissante, palangre de fond, pêche artisanale du sud, chalutage de fond et thoniers canneurs). Parmi ceux-ci, seules les catégories sud de chalutage artisanal et de fond travaillent dans les eaux adjacentes au Sahara. Au total, il y a 22 bateaux des 93 Espagnols opérant dans les eaux du Sahara». Le quotidien espagnol indique «qu'une source européenne proche des négociations a précisé, sous couvert d'anonymat, que le gouvernement espagnol est favorable à la défense des intérêts du Maroc devant l'Union européenne, afin que Rabat continue sa route vers le rétablissement des relations avec Madrid.» «Et il est très probable que dans cette affaire il sera soutenu par l'Allemagne et les Pays-Bas», ajoute-t-elle. Le Maroc, en échange des accords conclus avec l'UE, reçoit en moyenne 50 millions d'euros par an, selon le dernier accord de pêche, en vigueur de 2019 à 2023. Après l'annonce du tribunal européen, l'UE et le Maroc se sont engagés à poursuivre leur partenariat commercial. «Nous prendrons les mesures nécessaires afin d'assurer le cadre juridique qui garantisse la poursuite et la stabilité des relations commerciales entre l'Union européenne et le royaume du Maroc», affirment le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et son homologue marocain, Nasser Bourita, dans une déclaration commune. Selon une source marocaine interrogée par El País, l'Union européenne signe des accords de libre-échange avec le Maroc qui incluent le Sahara conformément avec sa position de défendre le commerce international comme élément de développement entre les peuples. Et de s'interroger : «Est-ce que faire participer le Sahara au commerce international ne serait pas une solution juste ? Non, ce serait punir la population. Et le Maroc, quelle que soit la décision du tribunal, continuera à investir dans ses provinces du Sud». Les recours devant la Cour européenne de justice doivent être introduits dans un délai de deux mois. Et sa décision finale arrivera dans deux ans. En attendant, les deux accords resteront en vigueur. Et les négociations politiques aussi.