Mené sur 2 600 jeunes Africaines, «Imbokodo» n'a permis qu'une protection de 25 %. Un autre essai doit être bientôt mené aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Europe. Le vaste essai clinique d'un vaccin contre le VIH, le virus qui cause le sida, mené par Johnson & Johnson dans cinq pays d'Afrique subsaharienne, a été stoppé faute de résultats concluants, a annoncé, mardi 30 août, l'entreprise pharmaceutique américaine. Il s'agit d'une grande déception dans la lutte contre cette maladie qui affecte 38 millions de personnes dans le monde, dont une grande partie sur le continent africain, et contre laquelle la recherche d'un vaccin se révèle infructueuse depuis des décennies. L'essai, nommé «Imbokodo» et démarré en 2017, incluait environ 2 600 jeunes femmes entre 18 et 35 ans au Malawi, au Mozambique, en Zambie, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Les femmes et jeunes filles représentaient 63 % des nouvelles infections en 2020 dans cette région. Certaines participantes ont reçu quatre injections du vaccin sur une période d'un an, et d'autres un placebo. Au bout de deux ans après la première injection, 51 des 1 079 participantes ayant reçu le vaccin avaient contracté le VIH, contre 63 des 1 109 participantes ayant reçu un placebo. Même si le vaccin a été bien toléré, son efficacité n'était donc que de 25 %. «Au vu de ces résultats, l'essai "Imbokodo" ne continuera pas», a déclaré Johnson & Johnson dans un communiqué. «Redoutable défi scientifique» «Si nous sommes déçus que le vaccin candidat n'ait pas fourni un niveau suffisant de protection contre l'infection au VIH (...), cette étude nous donne des résultats scientifiques importants pour la poursuite de la quête d'un vaccin contre le VIH», a déclaré Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson & Johnson, cité dans le communiqué. Ce vaccin utilise la technologie du «vecteur viral» − la même que celle employée pour son vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2. Un type de virus courant, appelé adénovirus, est modifié pour être rendu inoffensif et transporter des informations génétiques permettant à l'organisme de combattre le virus visé. Un autre essai, nommé «Mosaico», teste un vaccin à la composition différente sur une autre population, des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ou personnes transgenres, aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Europe, où d'autres souches du virus circulent. Cet essai va se poursuivre, a annoncé Johnson & Johnson. Il devrait se conclure en mars 2024. «Le développement d'un vaccin sûr et efficace pour empêcher l'infection au VIH s'est révélé être un redoutable défi scientifique», a déclaré dans un communiqué Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAD) américain, qui a en partie financé ces essais. «Même si ce n'est certainement pas le résultat de l'étude que nous espérions, nous devons utiliser la connaissance acquise lors de l'essai "Imbokodo" et continuer nos efforts pour trouver un vaccin qui protégera du VIH», a-t-il ajouté.