Au moins 170 personnes sont mortes dans un attentat près de l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, alors que les Occidentaux terminent des évacuations qui font suite à la prise de pouvoir des talibans. Daech a revendiqué l'attaque. Une délégation française a rencontré jeudi pour la première fois des représentants des talibans. L'évacuation des milliers de personnes continue au lendemain de l'attentat-suicide meurtrier contre l'aéroport de Kaboul, mais les opérations se poursuivront a assuré Washington vendredi. Au moins 170 personnes, dont treize soldats américains, ont péri dans l'attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), que de nombreux pays dont les Etats-Unis et leurs alliés ainsi que la Russie et la Chine ont condamnée. La tension est à son comble, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d'Afghanistan après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations. Quelque 5 400 personnes étaient actuellement réfugiées dans l'enceinte de l'aéroport, attendant de monter dans un avion, a dit le général Hank Taylor. L'attaque, un double attentat-suicide vraisemblablement perpétré par un seul kamikaze, selon le général Taylor, a visé les Etats-Unis, qui organisent les évacuations, et les Afghans parmi les milliers de ceux qui campent depuis des jours devant l'aéroport, dans l'espoir de fuir les talibans. Elle a foudroyé ses victimes, certaines projetées aux alentours jusque dans les eaux sales d'un canal d'égout bordant l'entrée de l'aéroport. Deux Britanniques et un enfant de Britannique ont péri dans l'attaque, a pour sa part annoncé Londres vendredi. Nombre de sources craignaient que le bilan ne s'alourdisse encore et les hôpitaux locaux étaient assaillis de personnes cherchant leurs proches disparus depuis la veille à l'aéroport. La double explosion a en outre provoqué la mort d'au moins treize soldats américains et en a blessé dix-huit autres, selon le Pentagone, ce qui en fait l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011. Vendredi, la situation est demeurée calme à Kaboul, notamment autour de l'aéroport où les vols affrétés par les Occidentaux ont repris sur le tarmac de l'aéroport, dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan. L'Otan et l'Union européenne avaient appelé après l'attentat à poursuivre les évacuations malgré tout. Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image d'ouverture et de modération. Mais beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, redoutent qu'ils n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. Ceux qui travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu, notamment, craignent d'être réduits au silence, voire traqués, et ont nourri le flot des nombreux candidats au départ. Les talibans, qui ont permis aux Etats-Unis de finir de gérer les évacuations, travaillent à la formation du gouvernement qu'ils comptent mettre en place après le départ des Américains. Après l'attentat, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité pour une réunion lundi sur la situation en Afghanistan. Alors que les talibans, privés des nombreuses élites expérimentées désormais en exil, risquent de peiner à remettre sur les rails un pays à l'économie en lambeaux, la Suède a fait savoir vendredi qu'elle interrompait son aide financière à l'Afghanistan.