Le référendum sur le statut final du Sahara est une option fantaisiste, juge Manuel Valls, ancien Premier ministre français, défendant la proposition marocaine d'une large autonomie pour le territoire. La France, l'Espagne et les Etats-Unis sont, à des degrés divers, favorables au principe d'autonomie avancé par le Maroc. Mais, selon Manuel Valls, Paris et Madrid sont amenés à modifier leur position sur le Sahara dans un sens qui appuie la proclamation américaine. «Sur la question du Sahara, la France et l'Espagne doivent être des partenaires loyaux du Maroc dont le rôle est indispensable pour la stabilisation de l'espace méditerranéen et de l'Afrique subsaharienne», a affirmé l'ancien Premier ministre français Manuel Valls. «C'est autour d'une autonomie sous souveraineté marocaine que cette question doit être résolue. Car je pense que la France et l'Espagne doivent être des partenaires loyaux du Royaume du Maroc sur cette question», a souligné Valls dans une interview exclusive avec MGH Partners, un cabinet d'affaires publiques et de diplomatie alternative franco-africain basé à Paris. Selon l'ancien candidat aux élections municipales de 2019 à Barcelone, «ce conflit (autour du Sahara) provient d'un monde qui n'existe plus, le monde des blocs, les vestiges de Yalta et ses conséquences sur un continent comme l'Afrique, tout cela est désuet et la fiction entretenue sur l'indépendance du Sahara subsiste encore dans certaines sphères politiques espagnoles», relevant que le Maroc s'oppose à raison au principe d'un processus référendaire fondé sur l'autodétermination, une option dépassée, dénonçant la rigidité de la gauche espagnole sur l'affaire du Sahara. «Au sein du gouvernement espagnol, il y a un allié minoritaire, le parti Podemos qui se cantonne dans une ancienne rhétorique, de ce que devrait être le Sahara, en refusant de voir la dynamique marocaine sur le terrain», a-t-il expliqué, en rappelant que «parmi ceux qui revendiquent l'indépendance du Sahara, comme le Polisario, prolifèrent des réseaux criminels et terroristes, cela a été documenté par les services de renseignement de plusieurs Etats». Pour l'ancien Premier ministre français, «nous avons tout intérêt à une relation apaisée avec le Maroc car les pays européens qui veulent l'inverse, perdent à chaque fois ! Que ce soit sur la migration, ou la lutte contre les narcotrafiquants, l'Espagne comme la France, subissent directement les conséquences d'une brouille diplomatique». Manuel Valls estime que la France et l'Espagne «doivent être plus clairs sur leur soutien au Maroc sur le Sahara. Mais plus largement l'Europe aussi, qui ne doit pas faire d'enfants dans le dos du Maroc pour utiliser un langage peu diplomatique», a-t-il affirmé. Commentant la décision des Etats-Unis de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara et s'il estimait que les voisins et les membres permanents au Conseil de sécurité doivent l'appuyer, l'ancien Premier français a souligné que «Trump a eu raison de créer l'étincelle en actant la souveraineté du Maroc sur le Sahara». «Cette dynamique est considérable», a-t-il renchéri, ajoutant que «grâce à notre histoire commune, nos intérêts qui convergent, on a ici une chance pour ne plus attendre et sortir des vieux discours comme celui de l'indépendance du Sahara, et pour renouer avec le monde moderne». La France doit «utiliser cette force pour peser et pour avoir un rôle à jouer aux côtés de nos partenaires», a affirmé l'ancien Premier ministre français. «D'autres pays européens ne peuvent pas jouer ce rôle, alors faisons-le ! La France a toujours été autonome et sa capacité de projection lui permet de ne pas rater les grands moments de l'histoire de notre Mare Nostrum», a-t-il distingué.