Le régime algérien, critiqué pour sa gestion calamiteuse de la pandémie, avait réceptionné depuis fin janvier deux cargaisons de 50 000 doses du vaccin russe Sputnik V et un autre lot de 50 000 doses du géant britannico-suédois AstraZeneca, en plus d'un lot de 300 000 doses dans le cadre du dispositif onusien Covax. En Algérie, défiance vis-à-vis de la vaccination et problèmes d'approvisionnement font patiner les campagnes d'immunité contre le coronavirus, alors que l'épisode viral continue sa progression mortelle avec des records de contaminations. Plus de un an après l'apparition du SARS-CoV-2 en Algérie, la pandémie de Covid-19 a fait plus de 3 355 morts dans le pays, sur plus de 124 889 contaminations confirmées, selon un bilan établi par Barlamane.com, jeudi 13 mai. Le gouvernement algérien a accusé l'entreprise américaine Pfizer d'exercer un «chantage» sur les livraisons du vaccin contre le Covid-19, alors que les pourparlers au sujet de l'approvisionnement en doses suffisantes piétinent. «En novembre [2020], nous avons convenu [un accord] avec Pfizer, mais il nous a mis dans une situation que nous ne pouvions pas accepter dans la mesure où il nous a demandé d'acheter un certain nombre de vaccins, de payer en avance et d'exonérer totalement Pfizer de toutes poursuites dans le cas où le vaccin aurait des travers. Nous ne l'avons pas accepté, nous ne l'acceptons toujours pas» a déclaré le ministre de la santé algérien Abderrahmane Benbouzid, des propos rapportés par Jeune Afrique. «C'est la première fois qu'un responsable algérien donne des précisions sur l'absence en Algérie de ce vaccin produit par ce laboratoire américain» indique Jeune Afrique, mentionnant que Pfizer France «a déclaré qu'elle n'est pas concernée par les propos du ministre algérien». Selon les dernières données, l'Algérie a administré uniquement 75 000 doses, à raison de 0,17 dose par personne. «Nous avons, dès début août [2020], engagé les prospections en invitant les ambassadeurs d'Angleterre, de Russie, de Chine, ainsi que tous les laboratoires, en signant des mémorandums, ajoute Benbouzid. Pour le reste, nous avons commencé le 20 décembre. M. le président de la République nous a demandé de ramener le vaccin pour janvier. Nous avons engagé très intensément des discussions avec la Chine pour Sinopharm, avec AstraZeneca, Gamaleya ou le fonds d'investissement direct russe qui fait le vaccin Sputnik V» ajoute le ministre algérien toujours cité par Jeune Afrique. L'Algérie a finalement opté pour les fabricants chinois et russes, ses alliés idéologiques. Le gouvernement s'inquiète des ratés de sa campagne : il n'a pas atteint son objectif d'immuniser 80 % des Algériens (34 millions sur une population totale de 43,05 millions, il en est à 75 000 injections), et se soucie des retards pris dans la livraison de plus de millions de doses, du fait notamment de restrictions aux exportations observées par plusieurs pays approchés. Les vaccinations, qui touchent en priorité le corps médical, les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques, sont administrées de manière chaotique et sans un calendrier précis.