Les deux assaillants ont été tués alors qu'ils pénétraient à moto dans l'enceinte de l'église de la ville de Makassar, où 20 personnes ont été blessées. L'un d'eux faisait partie d'un mouvement radical qui soutient le groupe Etat islamique. Un attentat-suicide a visé, dimanche 28 mars, la cathédrale de Makassar, dans l'est de l'Indonésie, après la messe des Rameaux, célébration qui marque pour les chrétiens le début de la semaine sainte. L'attaque, perpétrée par deux assaillants appartenant à un groupe extrémiste pro-Etat islamique (EI), a fait au moins 20 blessés. Le chef de l'Etat a dénoncé cette nouvelle attaque contre une église dans le pays à majorité musulmane. Les deux kamikazes, un homme et une femme, ont été tués alors qu'ils pénétraient à moto dans l'enceinte de l'édifice, situé sur l'île de Sulawesi, où ils ont fait détoner un engin artisanal, ont rapporté les autorités. Tard dimanche, le chef de la police nationale, Listyo Sigit Prabowo, a fait savoir que les assaillants faisaient partie du groupe radical Jamaah Ansharut Daulah (JAD). Cette formation a, selon lui, déjà mené un attentat sanglant en 2018 contre une église à Surabaya, deuxième ville d'Indonésie. «Ce groupe fait également partie ou est lié à celui qui a mené une attaque à la bombe à Jolo, aux Philippines» en 2019, a-t-il ajouté. Cette attaque contre une église catholique sur l'île de Jolo, à majorité musulmane, qui avait fait 21 tués, avait été menée par un couple indonésien et revendiquée par l'EI. Le président indonésien, Joko Widodo, a condamné «fortement cette attaque terroriste». «Le terrorisme est un crime contre l'humanité, a déclaré le chef de l'Etat. J'appelle tout le monde à se battre contre le terrorisme et le radicalisme, qui sont contraires aux valeurs religieuses.» «Les gens rentraient chez eux» L'extérieur de la cathédrale du sud de l'île de Célèbes était jonché de morceaux de corps humains à la suite de la puissante déflagration qui s'est produite vers 10 h 30, heure locale (5 h 30, à Paris). «Il y a beaucoup de lambeaux de corps humains près de l'église et aussi dans la rue», a déclaré Mohammad Ramdhan, le maire de cette ville portuaire de 1,5 million d'habitants. Un témoin a de son côté parlé d'une explosion «très forte». «Il y avait plusieurs personnes blessées dans la rue. J'ai aidé une femme qui était blessée et couverte de sang, a déclaré un autre témoin. Son petit-fils était également blessé.» La police a affirmé qu'un agent de sécurité avait tenté d'empêcher la moto d'entrer dans le périmètre de la cathédrale du Sacré-Cœur-de-Jésus, siège de l'archidiocèse de Makassar, juste avant la déflagration, qui est survenue après la fin de la messe. Le dimanche des Rameaux marque l'entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem, selon la tradition chrétienne, au début de la semaine sainte conduisant à Pâques. «Nous avions terminé la messe, et les gens rentraient chez eux quand cela s'est produit», a déclaré aux journalistes le prêtre Wilhelmus Tulak. De nombreux véhicules étaient endommagés près du complexe de la cathédrale, autour duquel la police établissait un cordon de sécurité, selon un photographe de l'Agence France-Presse sur place. Le pape François a dit prier pour toutes les victimes de violence, «en particulier celles de l'attentat de ce matin en Indonésie devant la cathédrale de Makassar». Les églises ont, par le passé, été la cible d'extrémistes en Indonésie, qui est le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde. En mai 2018, une famille de six personnes, dont deux filles de 9 et 12 ans et deux fils de 16 et 18 ans, avait déclenché des bombes contre trois églises de Surabaya, la deuxième ville du pays, tuant plus d'une dizaine de fidèles. Cette famille radicalisée était liée au mouvement radical Jamaah Ansharut Daulah, qui soutient l'organisation Etat islamique, laquelle avait revendiqué les attaques. La tradition de tolérance de l'Indonésie a été éprouvée, ces dernières années, par un développement des courants islamiques conservateurs, voire extrémistes, et les minorités religieuses, chrétiennes mais aussi bouddhistes et hindoues, s'inquiètent de voir la coexistence religieuse mise à mal.