La pandémie et l'obligation de confinement ont mis à l'épreuve le suivi des patients diabétiques, comme le souligne Dr Marouane Hakam, médecin expert et enseignant en e-santé et en télémédecine et directeur médical de la plateforme Avis médical, dans un éditorial publié au journal marocain d'endocrinologie et diabétologie. « Livrés à eux-mêmes dans certains cas ou refusant de prendre contact avec leurs médecins traitants par peur de contamination ou par restriction de visites de routine, nos patients diabétiques ont fait moins d'exercice, bouleversé ou déséquilibré leur nutrition (augmentation du grignotage, consommation d'aliments réconfortants riches en calories) et parfois même arrêté leurs traitements », souligne Dr Marouane Hakam. Ce médecin souligne que « si l'onde de choc de la pandémie est en train de s'atténuer (...) les répliques du confinement ne sauraient tarder (...) des aggravations et des détériorations auraient pu être évitables grâce aux nouvelles technologies ». Dans ce cadre, il rappelle que beaucoup de médecins se sont livrés à des expérimentations de téléconsultations via tous les moyens qui étaient en leur possession (Whatsapp, Skype, certaines plateformes de vidéo-consultation, ...), mais tout cela s'est fait de manière hâtive, non sécurisée et aurait pu porter préjudice au patient, au praticien et à la pratique de la médecine à distance en général. Les patients suivis à distance (même les analphabètes... et c'est un avantage du digital quand on sait l'adapter à l'usage des moins éduqués) se sont dits satisfaits de leur expérience et ont soulevé plusieurs avantages, dont un sentiment de sécurité renforcé ainsi qu'une meilleure maîtrise des symptômes associés au diabète. La prise en charge du diabétique marocain ne peut plus être ainsi envisagée sans le recours aux technologies de l'information. Les interventions de la télésanté dans le diabète peuvent aller, selon le médecin expert, de simples systèmes de rappel via SMS, de carnets de santé électroniques, d'interfaces web d'éducation thérapeutique, à des appareils grâce auxquels les patients peuvent télécharger leurs données physiologiques mesurées avec des glucomètres, des podomètres ou des tensiomètres, et d'autres données pertinentes telles que les prises médicamenteuses, les habitudes alimentaires, le niveau d'activité et les antécédents. « Tout ceci avec deux objectifs précis : autonomiser le patient – en le transformant en un patient qui se donne le pouvoir en s'impliquant, en s'éduquant et en se donnant les moyens de faire face à sa situation – et démultiplier les temps de contacts médecin/patient pour améliorer les résultats et prévenir les complications à long terme chez les diabétiques ». Dr Marouane Hakam note que la télémédecine offre aux médecins la possibilité de compléter judicieusement et continuellement la gestion de leurs patients atteints de diabète (et encore plus si d'autres circonstances similaires à celles de la Covid-19 venaient à se représenter), sauf dans certains cas où une consultation en face à face et / ou une hospitalisation deviennent nécessaires : elle complète mais ne remplace pas les consultations présentielles. « Alors... Saura-t-on tirer les leçons de cette crise quant à la place à donner à la téléconsultation, à la télésurveillance et à la télé- expertise dans le suivi du diabétique ? », conclut-il.