Le soutien de la France au Maroc dans son bras de fer avec le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, est resté au travers de la gorge des dirigeants algériens, au point qu'ils cherchent tous les prétextes pour faire passer leur message à Paris, et en particulier au président François Hollande. La tension est montée d'un cran mercredi avec la convocation de l'ambassadeur de l'Hexagone par le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra. Raison invoquée, l'attitude hostile des médias français, en particulier Le Monde, à l'égard d'Alger. Tout cela se passe à la veille de la visite du Premier ministre français Manuel Valls à la tête d'une importante délégation, un déplacement précédé par celui du chef de la diplomatie Jean Marc Héraut venu baliser le terrain, miné par les tergiversations et les caprices de ces apparatchiks que l'âge et les décennies passées au pouvoir ont fini par user. Jean Marc Ayraut en éclaireur à Alger D'ailleurs, les signes précurseurs de cette tension entre Alger et Paris sont apparus lors de la mission d'éclaireur- le cas de le dire eu égard aux sautes d'humeur qui caractérisent ces dirigeants- entreprise par Jean Marc Ayraut à Alger, au cours de laquelle il a eu droit à un savon de la part de la nomenklatura à Alger. Si rien n'a été dit au sujet de la convocation, mercredi, de Bernard Emié, ambassadeur de France à Alger, par Si Lamamra,-la deuxième fois en moins de six mois après celle du 18 octobre dernier suite à la fouille du ministre Hamid Grine à l'aéroport d'Orly- la presse, elle, y va de ses interprétations. C'est ainsi que selon le site TSA, en convoquant le diplomate français personnellement par le chef de la diplomatie algérienne, les Algériens veulent exprimer un fort mécontentement et faire passer des messages au président François Hollande. La campagne de presse hostile à l'Algérie et ses institution, un prétexte Officiellement, cette convocation est venue « suite à la campagne de presse hostile à l'Algérie et à ses Institutions menée en France dans différents médias (dont Le Monde) et à travers d'autres activités publiques », explique le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué. En réalité, croit savoir TSA, la Une du Monde a servi de prétexte. Hormis le fait qu'ils (les Algériens) estiment que depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012, l'Algérie a beaucoup donné à la France sans recevoir, privilégiant ainsi les entreprises de ce pays en leur accordant des avantages jamais accordés à d'autres compagnies étrangères, c'est plutôt le soutien affiché par Paris au Maroc dans le dossier du Sahara qui les empêche de dormir. Le soutien de Paris à Rabat irrite Au lieu d'appuyer l'Algérie qui aspire à s'affirmer comme puissance régionale, la France privilégie le Maroc, déplore-t-on avant de considérer carrément qu'en mars dernier, Paris est peut-être allé trop loin dans son soutien à Rabat. Alors que l'Algérie et la France avaient convenu de laisser la question du Sahara occidental dans un cadre multilatéral, les Français ont, à la surprise générale, appuyé les Marocains dans leur bras de fer avec l'ONU, ce qui, selon TSA, a fortement irrité les Algériens, comme l'a montré, le 29 mars, Ramtane Lamamra, devant son homologue français Jean-Marc Ayrault. Jusque-là, les instructions de Bouteflika étaient de ne pas gêner François Hollande, à l'approche de l'élection présidentielle française. Mais l'épisode du soutien au Maroc a modifié la donne, indique TSA. « Désormais, l'Algérie compte globaliser ses relations avec la France et toutes les composantes de cette relation seront soigneusement corrélées », résume une source algérienne. Comprendre : la France ne peut pas prendre que ce qui l'arrange dans la relation. Ce changement de politique n'est pas innocent, estime-t-on à Alger où l'on suit de près la politique française. Depuis plusieurs mois, tous les sondages donnent la gauche et François Hollande perdant dans tous les cas de figure aux présidentielles de 2017. La situation a peu de chances d'évoluer. « Pourquoi tout donner à François Hollande aujourd'hui alors qu'il n'est même pas reconnaissant. On va attendre le prochain président et fixer avec lui les règles de la relation », conclut une autre source algérienne, citée par TSA. Seul bémol, c'est qu'en France, aussi bien la droite que la gauche ont toujours soutenu le Maroc dans le dossier du Sahara, un détail, et non des moindres, qui semble étrangement échapper aux Algériens.