Le gouvernement libanais doit approuver, jeudi 30 avril, un plan de redressement, pour répondre à la crise économique et sociale qui secoue le pays, qui connaît un regain de tensions depuis la relance des manifestations contre la classe politique et une inflation galopante. Le gouvernement libanais doit approuver, jeudi 30 avril, un plan visant à relancer l'économie au bord du naufrage du pays du Cèdre, où, à la faveur du déconfinement, les manifestants sont redescendus dans la rue pour crier leur colère. Les mesures de confinement prises pour lutter contre le coronavirus ont amplifié une crise économique déjà aigüe, la pire depuis la guerre du Liban (1975-1990) : l'inflation continue d'augmenter, une pénurie de liquidités et une forte dépréciation de la monnaie par rapport au dollar, utilisé au même titre que la livre libanaise au quotidien. La réunion du cabinet a lieu au palais présidentiel de Baabda, près de Beyrouth, après trois nuits consécutives de violences dans la ville de Tripoli, la capitale du nord du pays. Mercredi, des heurts limités ont éclaté à Tripoli entre manifestants et forces de sécurité. Au moins 23 personnes et 19 militaires ont été blessés, selon l'agence ANI. Des informations sur le plan de relance attendu de longue date, ont fuité dans les médias locaux et font état d'un besoin de 80 milliards de dollars (environ 73 milliards d'euros) pour sortir de la crise, dont entre 10 et 15 milliards de dollars de financements extérieurs sur les cinq prochaines années. Les réformes prévues, selon ces informations, comprennent des coupes dans les dépenses publiques et une restructuration de la dette de l'État, qui s'élève à environ 170 % du PIB, l'un des taux les plus élevés au monde. En mars, le pays du Cèdre a annoncé être, pour la première fois de son histoire, en défaut de paiement. Ces dernières années les crises politiques se sont succédé, plongeant le pays dans l'instabilité. Critiqué en plein marasme économique, le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, a affirmé mercredi que la non-adoption de réformes par les gouvernements successifs était à l'origine de l'aggravation de la crise, marquée par un regain de la contestation populaire. Les manifestions avaient perdu en ampleur après la formation d'un nouveau cabinet mené par Hassan Diab, chargé début 2020 de mener à bien des réformes, dans l'espoir de débloquer des milliards d'euros d'aide internationale. Mais ces derniers jours, les rassemblements ont repris malgré les mesures de confinement contre le coronavirus. Plus de 700 cas de contamination ont été officiellement recensés, dont 24 décès. Selon des estimations officielles, 45 % de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.