Le premier ministre libanais a averti que le pays ne serait pas en mesure de rembourser 1,2 milliard de sa dette qui arrive à échéance dans deux jours. Le Liban traverse le premier défaut de paiement de son histoire. Le premier ministre Hassan Diab a annoncé, samedi 7 mars, que le pays ne serait pas en mesure de rembourser 1,2 milliard de dollars (1 milliard d'euros) de sa dette qui arrive à échéance dans deux jours. Alors qu'il croule sous un endettement de 92 milliards de dollars (81 milliards d'euros) – soit environ 170 % de son produit intérieur brut (PIB) – le pays du Cèdre « va restructurer sa dette conformément à l'intérêt national », a ajouté le chef du gouvernement, désigné fin décembre 2019, plus de deux mois après le début d'un mouvement de contestation inédit contre la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence. Il s'agit de la première décision majeure du gouvernement, formé en janvier après des semaines de manifestations réclamant le départ d'une classe politique inchangée depuis des décennies et des réformes structurelles. Le Liban fait face à sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), dans un contexte de récession, de pénurie de liquidités mais aussi de hausse des prix et de chômage persistant. Le 9 mars, l'Etat devait en théorie rembourser pour 1,2 milliard d'eurobonds – des bons du Trésor émis en dollar par l'Etat, dont une partie est détenue par des sociétés financières et la Banque centrale du Liban. Deux autres échéances de remboursement sont prévues en avril et juin, pour un montant total de 1,3 milliard de dollars. Les banques libanaises, qui détiennent une grande partie de la dette publique – dont près de la moitié des 30 milliards de dollars d'eurobonds émis par le pays –, avaient récemment appelé l'Etat à éviter un défaut de paiement, qui creuserait leur manque de liquidités notamment en dollars. Craignant un épuisement de leurs réserves en devises, elles ont déjà imposé des restrictions drastiques ces derniers mois, plusieurs établissements plafonnant les retraits à 100 dollars par semaine et interdisant les transferts d'argent vers l'étranger. Mais, faute de réformes et de bonne gouvernance, le déficit public s'est creusé, les banques locales ont continué d'acheter des bons du Trésor et la dette publique a bondi de quelques milliards de dollars au début des années 1990 à plus de 90 milliards de dollars. A la demande de l'Etat, une mission d'urgence du Fonds monétaire international a été dépêchée en février mais aucune assistance financière de l'institution n'a été annoncée pour le moment.