Moscou et Lagos ont rejoint lundi les plus de trois milliards d'habitants de la planète confinés chez eux dans l'espoir d'enrayer la progression de l'épidémie de Covid-19, désormais prise très au sérieux par le président américain Donald Trump, qui se prépare au pire. L'obligation planétaire à rester chez soi s'étend pour combattre l'épidémie, qui a fait plus de 33.000 morts dont un bébé de moins d'un an, restait toutefois très théorique dans de nombreux pays d'Afrique et d'Amérique latine notamment. Alors que 140.00 personnes sont contaminées aux Etats-Unis, sur plus de 700.000 cas officiellement déclarés dans le monde, Donald Trump, ne prend plus le Covid-19 à la légère. A ce jour l'Europe, où se concentrent les deux tiers des décès, reste la plus touchée. A Moscou, où ceux qui ne respectent pas les mesures de quarantaine encourent cinq ans de prison depuis le 8 mars, le maire Sergueï Sobianine a ordonné le confinement général, qui concerne 43% de la population mondiale. Lagos, mégapole tentaculaire de 20 millions d'habitants, et Abuja, capitale du Nigeria, ont elles aussi décrété un confinement total. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec près de 200 millions d'habitants enregistrait dimanche soir 97 cas déclarés, mais leur nombre pourrait rapidement exploser, a prévenu le ministre de l'Information Lai Mohammed jeudi. Les mesures de confinement suscitent de nombreuses incompréhensions et contestations en Afrique subsaharienne, où une grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour et dépend de l'économie informelle pour survivre. A New York, les banques alimentaires sont confrontées à un afflux de nouveaux venus, privés brutalement de ressources. Pas de longues queues qui rappelleraient les soupes populaires des années 1930, heureusement: les gens arrivent au fur et à mesure. L'épidémie provoque un déclassement général: « les gens qui étaient pauvres sont plus pauvres, et ceux qui avaient des emplois décents, qui pouvaient se débrouiller, sont maintenant pauvres aussi », constate Geraldine Fermin, employée de City Harvest. Partout où le Covid-19 fait des ravages, on guette fébrilement le pic du taux de mortalité, annonciateur d'un reflux et d'un désengorgement progressif des services de réanimation. Aux Etats-Unis, le président Trump a indiqué que le pic devrait avoir lieu « dans deux semaines ». En Europe, les autorités sanitaires espèrent en revanche s'en approcher. Entre samedi et dimanche, l'Espagne a enregistré 838 morts, nouveau record de décès en 24 heures, pour atteindre un bilan de 6.528. En Italie, pays qui enregistre le record mondial de décès (10.779 pour 97.689 cas recensés), le confinement commence à produire des résultats encourageants après trois semaines. Confrontée à un afflux de malades dans les hôpitaux et à une pénurie de matériel qui s'annonce, la France (plus de 2.600 morts, dont 292 ces dernières 24 heures) a commandé un milliard de masques, notamment à la Chine, et compte presque tripler le nombre de lits affectés à la réanimation. L'épidémie s'accélère aussi au Royaume-Uni, avec désormais 1.228 morts pour quelque 20.000 cas confirmés, pays où le confinement général a été décrété lundi pour trois semaines. Dans la sinistrose ambiante, le Covid-19 fait cependant quelques heureux: les pères japonais et les patrons de journaux. Si la crise sanitaire pourrait à terme favoriser le travail des femmes, elle pourrait bien être aussi une occasion pour les médias de retrouver la confiance des lecteurs.