En Chine, le bilan quotidien de l'épidémie de pneumonie Covid-19 est au plus bas depuis trois semaines, mais les contaminations se multiplient en Europe et en Asie. Apparue en Chine en décembre, l'épidémie due au coronavirus semble y avoir atteint un pic : les autorités ont annoncé, jeudi 27 février, 29 nouveaux décès en vingt-quatre heures, le plus faible nombre en près d'un mois. Mais, ailleurs dans le monde, il se propage et concerne désormais environ 40 pays. Selon le dernier bilan officiel communiqué mercredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 81 000 contaminations et 2 761 morts ont été recensées dans le monde, la plupart en Chine (2 718 morts). L'Italie, qui compte 12 morts liées à l'épidémie de coronavirus, a annoncé mercredi avoir recensé 400 cas. Lors de ce nouveau bilan, le chef de la protection civile, Angelo Borrelli, a précisé que trois personnes soignées à Rome depuis le début de février étaient guéries : un couple de touristes chinois et un jeune homme revenu de Chine. Ils étaient les premiers cas de coronavirus en Italie. Parmi ces 400 cas, 36 personnes se trouvent en soins intensifs. « Le message aux Italiens est qu'on guérit de cette maladie ! », s'est félicité mercredi Francesco Vaia, directeur de l'hôpital Spallanzani, à Rome. Cet hôpital a utilisé une « thérapie expérimentale antivirale » pour soigner les patients, a-t-il précisé. Selon des sources médicales, les médecins ont expérimenté un traitement à base d'agents antiviraux et de médicaments utilisés contre le virus Ebola. La Lombardie, qui englobe Milan, capitale économique du pays, reste la région la plus touchée par le virus, avec 258 cas. Onze communes ont été confinées depuis qu'y a été hospitalisé Mattia, 38 ans, le « patient no 1 ». La Vénétie est la deuxième région la plus touchée, avec 71 cas, et elle a enregistré le tout premier décès d'un ressortissant italien – et européen – vendredi. Neuf régions sont concernées par l'épidémie, mais les autorités ajoutent le Latium (Rome), qui a pu soigner ces trois patients, sans liens avec l'épidémie du Nord. Alors que l'Italie apparaît de plus en plus comme une plate-forme de diffusion du Covid-19, plusieurs gouvernements encouragent leurs ressortissants à reporter leurs voyages. Les voisins de l'Italie ont toutefois décidé de maintenir leurs frontières ouvertes, malgré la propagation en Toscane, Sicile et Ligurie. Jeudi, le Danemark a annoncé un premier cas du nouveau coronavirus, un homme revenant d'Italie du Nord. « L'homme qui est rentré d'un séjour au ski en Lombardie avec sa femme et son fils, lundi 24 février, souffrait depuis notamment de toux et de fièvre (…) l'homme a été testé positif, mais les résultats des tests de sa femme et de son fils sont négatifs », a annoncé dans un communiqué l'Agence de santé publique. Son état est plutôt bon et il est rentré chez lui, où il est confiné, ainsi que sa famille. Un premier cas a également été enregistré mercredi en Macédoine du Nord, dépisté chez une femme d'une cinquantaine d'années rentrée d'Italie. Par ailleurs, une femme de 38 ans ayant voyagé récemment en Italie du Nord est le premier cas recensé en Grèce. La Norvège a aussi annoncé mercredi son premier cas, décrit comme sans danger. Il s'agit d'une personne revenue de Chine le week-end dernier, mais qui ne présente pas de symptômes. « Nous estimons très improbable qu'elle ait contaminé » d'autres personnes, a déclaré une responsable de l'Institut de santé publique norvégien, Line Vold. Le coronavirus est arrivé en Amérique latine, épargnée jusqu'à présent. Un premier cas de contamination a été confirmé mercredi au Brésil sur un patient de Sao Paulo (Sud-Est), âgé de 61 ans, ayant séjourné en Italie du 9 au 20 février. Le pays compte actuellement 20 cas suspects de contamination au Covid-19, dont douze sont des personnes ayant voyagé en Italie. L'Afrique, elle non plus, n'est pas épargnée. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte. D'autres premiers cas ont été également signalés en Autriche, Suisse, Géorgie, Croatie, Estonie, Roumanie, et au Pakistan. Donald Trump a salué, mercredi soir, les actions de son gouvernement pour lutter contre l'épidémie, comme les restrictions envers les voyageurs en provenance de Chine. « Grâce à tout ce que nous avons fait, le risque pour les Américains reste très faible », s'est félicité le président américain lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche. Il entend consacrer une enveloppe « appropriée » à la lutte contre le virus et a désigné son vice-président, Mike Pence, pour la coordonner. M. Trump a également précisé qu'il déciderait « en temps voulu » de nouvelles restrictions de voyage éventuelles depuis et vers les zones infectées par le coronavirus. Selon lui, les Etats-Unis, relativement épargnés jusqu'ici, sont prêts à répondre à l'épidémie de coronavirus à « une échelle beaucoup plus grande ». « Les hôpitaux de certains Etats libèrent des chambres et construisent des espaces de confinement », a-t-il précisé, ajoutant que les Etats-Unis avaient « commandé » de nombreux masques de protection « au cas où ». « Il y a une chance que ça s'empire de façon significative », a-t-il reconnu. « Mais rien n'est inévitable », a insisté le milliardaire républicain. Les Etats-Unis et la Corée du Sud — qui a recensé jeudi 334 nouveaux cas, portant à 1 595 le nombre de personnes contaminées dans le pays — ont par ailleurs annoncé la suspension d'exercices militaires conjoints. L'épidémie de coronavirus a fait trois nouveaux morts en Iran, ce qui porte à 22 le nombre de personnes tuées dans le pays par la maladie Covid-19, a rapporté jeudi l'Islamic Republic News Agency (IRNA – « Agence de presse de la République islamique »). Ce bilan est le plus lourd après celui de la Chine. Alors qu'au moins 140 personnes ont été contaminées, les autorités iraniennes ont annoncé mercredi des restrictions à la libre circulation dans le pays pour les personnes infectées ou soupçonnées d'être infectées par le coronavirus. Nombre d'écoles, d'universités et de centres culturels ou sportifs ont été fermés et de nombreux événements repoussés. La plupart des voisins de la République islamique ont mis en place des mesures de restriction des déplacements et des mesures de confinement. En Irak, les autorités ont annoncé fermer jeudi écoles, universités, cinémas et cafés jusqu'au 7 mars, alors qu'un premier cas de coronavirus était recensé à Bagdad, après cinq autres cas dénombrés sur le sol irakien. L'Arabie saoudite a suspendu «temporairement» l'entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque, dans le but «de prévenir l'arrivée du nouveau coronavirus dans le royaume et sa propagation», a annoncé jeudi le ministère des affaires étrangères. Le gouvernement saoudien a également suspendu l'entrée dans le pays des voyageurs munis d'un visa de tourisme en provenance de pays où sévit le nouveau coronavirus.