Au moment où les dirigeants de la planète livrent une « guerre » contre le coronavirus, Jair Bolsonaro provoque le malaise et l'inquiétude au Brésil, y compris dans son camp. Le président brésilien ne prend pas la pandémie au sérieux. Depuis le début de la pandémie, le président d'extrême droite a pour unique ligne de conduite la dénonciation de l' »hystérie » autour du Covid-19, et multiplie les provocations. Portant un masque de protection, il est apparu mercredi en conférence de presse avec un aréopage de ministres, pour évoquer pour la première fois « une question grave ». Mais qui ne doit pas entraîner « la panique ». De cette intervention sans annonce nouvelle, les commentateurs ont retiré jeudi un exercice totalement raté de communication politique et retenu le « spectacle pathétique » d'un Jair Bolsonaro enlevant et remettant une douzaine de fois son masque, pour le laisser finalement pendre à une oreille. Les provocations du président sont très mal passées. Dimanche dernier, il avait serré les mains de sympathisants alors qu'il aurait dû être confiné après un voyage aux Etats-Unis avec sa délégation dont 17 membres sont contaminés. Selon la presse, il aurait été en contact avec 272 partisans. « Une démonstration d'irresponsabilité politique et personnelle », pour le journal O Globo. L'inquiétude a gagné jusqu'à son propre camp, où Janaina Paschoal, députée de l'Etat de Sao Paulo, a souhaité qu'il quitte sa charge pour « crime contre la santé publique ». Une demande de destitution a été déposée par le parti d'opposition Rede. Mardi, il avait critiqué la mobilisation de gouverneurs et de maires contre l'arrivée d'une crise sanitaire potentiellement dramatique pour des dizaines de millions de Brésiliens vivant entassés dans de vastes métropoles et favelas. Il avait évoqué, encore, « une certaine hystérie » lorsque le gouverneur de Rio de Janeiro, Wilson Witzel, l'un de ses probables rivaux à la présidentielle de 2022, et le maire de Sao Paulo, Bruno Covas, ont annoncé l'état d'urgence. « Ces mesures vont porter préjudice à notre économie (…) qui allait bien », a lancé le président. Le Brésil, qui contrairement à ses voisins avait maintenu ses frontières ouvertes, les a fermées jeudi, mais seulement au niveau terrestre. La crise du coronavirus, responsable de quatre morts, a fait chuter la Bourse de Sao Paulo de 44% depuis fin janvier.