Les pays voisins de l'Italie ont décidé mardi 25 février de maintenir ouvertes leurs frontières, malgré la propagation des cas de coronavirus dans des régions auparavant épargnées comme la Toscane, la Sicile et la Ligurie. Ces pays « se sont engagés à garder ouvertes leurs frontières car les fermer serait une erreur et disproportionné », a annoncé le ministre italien de la Santé Roberto Speranza, à l'issue d'une rencontre avec ses homologues de France, Suisse, Autriche, Slovénie, Croatie, Allemagne et Union européenne. « Il n'y aura pas de modification des conditions de voyage des Italiens », a-t-il ajouté, car le « virus ne reconnaît pas les frontières ». En Autriche, un hôtel de la localité touristique d'Innsbruck dans le Tyrol, où a travaillé une réceptionniste italienne contaminée, a ainsi été placé en quarantaine. En France, deux nouveaux cas ont été confirmés dont celui d'un homme rentré d'Italie, hospitalisé en Auvergne-Rhone-Alpes (centre-est). Les ministres réunis à Rome ont décidé que les voyageurs passant les frontières en trains, autocars ou avions recevraient des informations spécifiques au retour des régions à risque. « Si vous avez des symptômes particuliers, vous devriez pouvoir appeler un numéro dédié pour recevoir l'aide nécessaire », a expliqué le ministre allemand Jens Spahn. Le dernier bilan en Italie fait état de 322 cas et 10 décès, toutes des personnes âgées et atteintes précédemment de pathologies graves. Plusieurs médias ont annoncé une onzième victime, une femme de 76 ans en Vénétie. Un total de 8.600 tests ont déjà été effectués en Italie, selon la Protection civile. Pour Giovanni Rezza, de l'Institut supérieur de la santé (ISS), « le taux de mortalité s'explique par l'âge des patients ». Dans les nouvelles régions affectées, les cas restent toutefois limités. La Toscane en compte deux et la Sicile trois. La Lombardie, qui reste le principal foyer dans la péninsule avec 240 cas, concentre à elle seule neuf décès. Le Premier ministre Giuseppe Conte a évoqué « une gestion pas complètement appropriée » des protocoles dans un hôpital local qui aurait favorisé la contagion en Italie, pays européen le plus touché et le troisième au monde derrière la Chine et la Corée du sud. Le principal foyer de l'épidémie à Codogno, à 60 km au sud de Milan, « est désormais circonscrit, avec de nouveaux cas qui arrivent presque tous de l'épicentre dans la zone de Lodi, avec deux autres petits foyers en Vénétie », selon M. Rezza. C'est dans cette petite ville de 15.000 habitants qu'avait été hospitalisé mercredi dernier un cadre de 38 ans considéré comme le « patient 1 », d'où découle la majorité des cas en Lombardie. L'autre zone la plus touchée, avec 42 cas est la zone autour du village de Vo' Euganeo, en Vénétie, où avait été enregistré vendredi le tout premier décès d'un ressortissant italien (et européen). En amont de la réunion ministérielle à Rome, M. Conte avait demandé de « laisser voyager tranquillement » les Italiens en Europe car « nous sommes un pays qui a pris des mesures efficaces et dispose d'un système de santé excellent ». Le ministre français Olivier Véran a félicité Rome pour les mesures prises afin de « protéger les Italiens et les citoyens européens ». La France a prié les personnes revenant du nord de l'Italie d'éviter « toute sortie non indispensable » et « invité » celles souhaitant se rendre dans les régions les plus touchées d'Italie à reporter leurs voyages. Londres a demandé de son côté à ses ressortissants revenant de ces zones de rester isolés chez eux et de se signaler aux services de santé. Un cordon sanitaire a été mis en place autour de onze communes du nord de l'Italie comptant 52.000 habitants: les lieux publics y sont fermés, sauf les supermarchés et les pharmacies de garde. Dans plusieurs régions et villes comme Milan et Venise, toutes les écoles sont fermées, ainsi que les entreprises, les musées, bibliothèques, et cinémas, et seuls les services publics restent ouverts. En raison du coronavirus, des matches de Série A (championnat italien) se tiendront à huis clos, et la Ligue italienne a par ailleurs sanctionné le club de Brescia d'une amende de 10.000 euros pour le comportement de ses supporters, qui avaient chanté « Napoli Coronavirus » lors d'un récent match contre Naples. En Calabre, les évêques ont appelé les fidèles à ne plus échanger de poignée de main en signe de paix pendant les messes.