Des organisations de défense des droits humains ont appelé mercredi les autorités soudanaises à remettre immédiatement Omar el-Béchir à la Cour pénale internationale (CPI), après que Khartoum eut annoncé la veille sa volonté de livrer le président déchu, recherché depuis plus d'une décennie. Mardi, des hauts responsables soudanais ont indiqué que les nouvelles autorités du pays s'étaient entendues avec des groupes rebelles du Darfour pour remettre M. Béchir à la CPI, où il est recherché depuis 2009 pour « génocide », « crimes de guerre » et « crimes contre l'humanité » dans le cadre du conflit au Darfour (ouest). « Les autorités soudanaises devraient traduire ces mots en actes et transférer immédiatement Béchir et d'autres individus recherchés par la CPI à la Haye », a déclaré Julie Verhaar, secrétaire générale par intérim d'Amnesty International. Selon elle, « une décision de le remettre à la cour serait une étape bienvenue vers la justice pour les victimes et leurs familles ». Outre M. Béchir, trois de ses anciens proches sont poursuivis par la CPI: Ahmed Haroun, ancien secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Abdelrahim Mohammad Hussein, ex ministre de la Défense et de l'Intérieur, et Ali Kosheib, chef des milices Janjawid, accusées d'atrocités au Darfour. « Nous sommes tombés d'accord sur le fait que nous supportions totalement la CPI et nous sommes convenus que les quatre criminels devaient lui être remis », a affirmé mardi Mohamed al-Taayichi, membre du Conseil souverain soudanais, en référence à M. Béchir et à ces trois ex-responsables. S'exprimant depuis la capitale du Soudan du Sud, Juba, où une délégation du gouvernement a rencontré des groupes rebelles, il n'a pas précisé quand la mesure serait mise en oeuvre. « Les attaques généralisées des forces de sécurité soudanaises contre des civils lors de la campagne de terreur de Béchir, dont l'usage de la violence sexuelle comme arme de guerre, ont eu un impact dévastateur » sur les victimes, a de son côté rappelé Physicians for Human Rights, une ONG basée aux Etats-Unis. Depuis le début du conflit ayant éclaté au Darfour en 2003 entre le pouvoir central et des insurgés issus de minorités ethniques, 300.000 personnes ont été tuées et des millions déplacées, selon l'ONU.