L'industrie automobile marocaine a réussi à s'ériger progressivement en secteur d'activité phare au sein du paysage économique nationale. Ce secteur est devenu le premier secteur exportateur représentant ainsi, en 2018, 26% des exportations nationales. Selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), l'industrie automobile marocaine recèle un réel potentiel de développement économique et technologique qui pourrait entraîner dans son sillage l'essor d'autres secteurs industriels. Par ailleurs, l'industrie automobile nationale a connu des développements positifs depuis sa genèse au début des années 1960, avec la création de la première société d'assemblage et de construction automobile SOMACA. Au début, l'activité principale portait sur l'assemblage et le montage de véhicules à partir de pièces automobiles importées de l'étranger. Au milieu des années 1990, en plus de l'assemblage, le secteur a étendu son activité à la fabrication de composants automobiles. Ce nouveau segment s'est développé grâce aux clauses spécifiant, dans les conventions signées avec les investisseurs étrangers, le minimum de contenu local entre 25% et 50%. A cette époque, le volume de production avoisinait 30.000 véhicules par an. La DEPF rappelle que depuis 2012, le secteur a connu une nouvelle dynamique, comme en témoigne le relèvement substantiel de la capacité de production du secteur, qui a atteint 430.000 unités en 2018 entre les deux sites de Tanger et de Casablanca. Une telle performance a permis au Maroc de renforcer son positionnement en tant que plateforme industrielle de choix, capable d'attirer de plus en plus d'investisseurs automobiles de renommée internationale dans diverses filières. En 2018, le nombre de véhicules automobiles produits au Maroc a atteint un nouveau record de l'ordre de 402.085 véhicules, contre 59.477 véhicules en 2011. De plus, le rythme de croissance de la production nationale entre 2011 et 2018 s'est établi à 31% en moyenne. La part du Maroc dans la production africaine de voitures s'est nettement améliorée, passant de 11% en 2011 à 36% en 2018, lui permettant d'occuper la 1ère place dans le segment des voitures de tourisme et la 2ème place pour tous segments confondus après l'Afrique du Sud. A l'échelle internationale, la part du Maroc est passée de 0,07% à 0,42%, l'érigeant à la 27ème place après la 39ème place, 7 ans plus tôt, relève la DEPF. Entre 2005 et 2013, les recettes issues des exportations de l'industrie automobile ont plus que quadruplé, passant de 7,3 milliards de dirhams à 31,6 milliards de dirhams, soit un taux de croissance de 20%. Durant la période 2014-2018, les exportations sont passées de 42,7 milliards de dirhams à 72,3 milliards de dirhams, en progression annuelle moyenne de 14%. En outre, l'arrivée des deux grands opérateurs automobiles français au Maroc a suscité l'intérêt de plusieurs fournisseurs du secteur à choisir le Maroc comme destination de leurs investissements, surtout depuis l'année 2012. En effet, les IDE automobiles reçus par le Maroc, tous segments confondus, ont connu une forte augmentation entre 2010 et 2018, pour se chiffrer à 25,21 milliards de dirhams sur la même période. Compte tenu de cette dynamique, la part des IDE automobiles dans le secteur industriel est passée de 14% en 2010 à 72% en 2018. S'agissant de la capacité de production, la DEPF fait savoir que les perspectives qui se profilent à l'horizon, notamment l'accroissement attendu des capacités de production estimé à 700.000 unités d'ici 2023, permettraient certainement au Royaume d'impulser encore davantage son positionnement dans le paysage de l'industrie automobile à l'échelle régionale et internationale. Comptant à son actif deux grands constructeurs automobiles d'une capacité totale de 700.000 unités, le Maroc a atteint une taille critique importante qui lui permet d'être en meilleure posture pour tirer profit de la dynamique des mouvements de délocalisation qui s'opèrent à l'échelle mondiale. De nouveaux investissements pourraient hisser l'industrie automobile nationale vers de nouveaux créneaux et apporter de nouvelles technologies et savoir-faire automobiles. Dans ce contexte, l'industrie automobile doit renforcer davantage son dispositif compétitif pour être en mesure de concurrencer l'offre des pays de l'Europe centrale et orientale (PECO), et parvenir, ainsi, à capter les nouveaux constructeurs qui délocalisent une partie de leur production vers les PECO, avec comme objectif cible de répondre à la demande des marchés européens. Le Royaume a également besoin de renforcer son partenariat commercial avec les pays africains à fort potentiel de ventes automobiles, en participant au développement d'une infrastructure industrielle, logistique et technologique avec eux. Il peut également, grâce à son infrastructure industrielle, servir de plateforme de production automobile aux constructeurs qui adoptent des stratégies de délocalisation multidomestiques, et qui sont prêts à concevoir des modèles de voitures spécifiques aux conditions et niveau de vie du marché africain. Le Maroc, dont l'industrie automobile est émergente, devrait anticiper lui aussi les nouveaux paramètres qui caractériseront la demande automobile, notamment dans les pays de l'Europe occidentale qui constituent son principal marché automobile à l'export. S'engager dans les métiers automobiles de demain serait une condition indispensable à la survie de son industrie locale face au resserrement prévu des marges bénéficiaires des opérateurs et à la préservation de ses avantages compétitifs par rapport à ses concurrents. A noter que l'anticipation de la formation des talents et de l'innovation est cruciale pour l'essor du secteur automobile marocain. En effet, orienter les jeunes vers les métiers innovants et former la main-d'œuvre sur les compétences technologiques de l'avenir conforterait la sophistication de l'offre du Maroc et améliorerait son positionnement sur des maillons à forte valeur ajoutée de la chaîne de valeur automobile.