Opposition, représentants locaux, de communes, d'organismes intercommunaux et la société civile ont dénoncé « un réel retard en matière de démocratie participative » au sein de la région de Drâa-Tafilalet– lors d'une rencontre d'envergure organisée ce samedi ayant abordé le bilan du conseil dirigeant. Reportage. « On aurait aimé qu'il soit là ». Lui ? C'est le président de la région de Drâa-Tafilalet, Habib Choubani, sans majorité depuis la tenue de la dernière session du conseil. Querelle des inventaires, absence de proximité, absence de la nécessité de mieux associer les habitants à la prise de décision à l'échelon communal, personnalisation du pouvoir au détriment de l'institutionnalisation du conseil et des mesures de déconcentration et de participation. Le RNI, le PPS, le PI, le PAM, l'UC étaient unanimes : Lahbib Choubani est source de tous les maux. Les partis de l'opposition incrimine le blocage occasionné par le président de la région, les problèmes de crédibilité institutionnelle et de financement budgétaire et un président incapable de reconnaître une part d'autonomie aux entités locales en ce qui concerne la mobilisation des ressources pour une stratégie de développement. Samedi 18 janvier, l'opposition au sein du conseil de la région de Drâa-Tafilalet, organise un grand meeting pour discuter du bilan. « Le verrouillage des instances locales », « la politisation outrancière de la vie municipale », « la gestion unilatérale du président » ont été pointés du doigt. « Son élection est en soi un paradoxe. 7.000 électeurs l'ont seulement plébiscité dans une région qui compte 1,6 million d'habitants. » ces derniers ne disposent d'aucune tribune pour se faire entendre, sauf à travers leurs associations, a-t-on dénoncé. Selon Saïd Chbaatou, étiqueté RNI, « Choubani est le symbole de lutte de la désespérance politique » qui « étouffe l'envie de vie collective », en rendant « moins efficace » le service public et en saisissant toutes les occasions pour marginaliser les composantes du conseil de Drâa-Tafilalet. » Il déplore l'élaboration « chaotique » du Plan de développement régional (PDR), pierre angulaire du développement du territoire. Pour Lhou Marbouh, membre de l'opposition et président de la Fédération de l'industrie minérale (FDIM), Lahbib Choubani néglige les instances de décision et le rôle des élus, fait fi des outils de gestion et de modernisation des politiques et des services locaux ce qui ne permet pas de mieux répondre aux aspirations des habitants par une gestion de proximité. Lahbib Choubani, confronté à des contingences financières dans l'exercice de ses fonctions est accusé de « dilapider » les ressources de la région de Drâa-Tafilalet. Le budget – acte cardinal de la gestion locale du conseil de la région qui est l'expression financière de ses décisions politiques en matière de fonctionnement et de développement, était le centre de toutes les critiques. Selon l'opposition de Choubani, ce dernier s'attache à préparer le budget de manière unilatérale – sans y impliquer l'assemblée délibérante de la collectivité – selon les principes qui régissent l'élaboration des finances publiques. Les objections de forme ne sont pas les seules formulées contre Choubani, mais il en est aussi d'autres rattachées à ses missions de gestionnaire : opacité de quelques marchés publics, dépenses de fonctionnement et ceux d'investissement profitent rarement aux citoyens. « La bonne gouvernance implique de mettre en place des processus de décentralisation, et aussi de transparence, mais ces éléments ne cohabitent pas pour autant au sein du conseil » a proclamé un intervenant lors de la rencontre ? « De multiples dysfonctionnements émaillent le mandat de Choubani, la raréfaction des niveaux de décision, le clientélisme et une politique qui délaisse le secteur public (éducation, santé, etc.) » La passation des marchés publics est un point qui a été longuement évoqué. Le caractère onéreux des contrats, les montages de partenariat qui président à la réalisation fed marchés, la satisfaction des besoins jamais obtenue en matière de travaux, de fournitures ou de services. La plupart des interventions ont souligné une gouvernance loin d'être au service du bien commun, de l'autorité par les institutions. « La capacité de Lahbib Choubani à mettre en œuvre des politiques publiques appropriées est quasi-nulle » a tonné un représentant local, affirmant que « l'efficacité des moyens budgétaires et de leur utilisation est en partie endogène à la mauvaise gouvernance du président de la région ». Plusieurs voix ont appelé à évincer Lahbib Choubani de ses fonctions, indiquant que l'amélioration de la gouvernance dans la région de de Drâa-Tafilalet constitue un préalable à une croissance continue et à la réduction de la pauvreté. Les intervenants issus de la société civile ont déclaré que la stratégie du développement au sein de la région de Drâa-Tafilalet fait face à au moins trois défis : (i) sa faisabilité politique, c'est-à-dire la possibilité de mettre en place un support politico-social aux réformes ; (ii) la crédibilité institutionnelle, c'est-à-dire le degré d'adaptation des élus au contexte, à la maturité et à la complémentarité qui existent; (iii) la capacité à bien gérer de vastes chantiers et donc à mobiliser de façon efficace des fonds importants. L'ensemble de ces dimensions soulève la problématique des contraintes macroéconomiques et politiques, qui dépassent largement la ligne que suit actuellement Lahbib Choubani. Au total, 38 intervenants de divers horizons ont déploré l'insuffisance de la faisabilité politique des réformes, l'ordre clientéliste et de la difficulté à en sortir dans un environnement caractérisé par la forte pénurie de pratiques transparentes.