Réclamée par Rabat, la réouverture des frontières avec le Maroc divise les partis politiques en Algérie. Si l'opposition se montre favorable, les partis du pouvoir préfèrent se ranger derrière la position officielle du gouvernement, fait remarquer le site algérien « TSA ». En appelant publiquement samedi 13 février à la réouverture de ces frontières fermées depuis 1994, Mohcine Bellabas a relancé le débat sur cette question qui empoisonne les relations entre l'Algérie et le Maroc. Le président du RCD pense qu'il n'y a pas de lien entre la fermeture des frontières et le conflit du Sahara, contrairement à Nicolas Sarkozy. « Ce n'est pas le conflit du Sahara occidental qui était à l'origine de la fermeture des frontières mais un attentat terroriste à Marrakech (1994) », explique-t-il dans une déclaration à TSA, ce dimanche 14 février. Des problèmes beaucoup plus importants se sont posés entre l'Algérie et le Maroc sans que cela aboutisse à la fermeture des frontières, rappelle le président du RCD. Il cite la guerre des sables de 1963 et l'éclatement de la crise du Sahara occidental en 1975. « Ce dernier problème a provoqué une fermeture des frontières mais momentanée. Et le problème du Sahara occidental est pris en charge par les Nations-Unies », estime-t-il. L'importance du « coût de la non-construction du Maghreb » Sans se prononcer directement sur cette question, le FFS plaide pour la construction du Grand Maghreb. Il estime qu'il est nécessaire d'aborder « le problème dans sa globalité » et de se poser la question sur le « coût de la non- construction du Maghreb qui pénalise tous les peuples de la région ». Pour le parti islamiste MSP, la fermeture des frontières est « un non-sens », à la fois politique et économique. Elle « porte préjudice aux familles algériennes et marocaines et à leurs droits et favorise la contrebande », déplore Abderrezak Mokri, président du MSP, en rappelant que l'édification d'une union maghrébine est le « souhait » de tous les citoyens de la région. Un souhait partagé par Ahmed Benbitour : « Des circonstances ont fait que les frontières soient fermées mais plus tôt elles s'ouvrent, mieux ça sera pour tous les pays du Maghreb », assure l'ancien chef du gouvernement. « Ce n'est pas une nouvelle revendication mais une vieille idée », assure Abdellah Djaballah, président du Front pour la justice et le développement (FJD). Le retard accusé dans la concrétisation de ce projet d'édification d'une Union maghrébine a eu « un impact négatif sur les Etats qui partagent cet espace géographique », déplore le leader du FJD. « Tous les pays tentent de construire des ensembles (régionaux) pour peser et faire pression. Nous sommes pour la réouverture des frontières dans un cadre global pour bâtir l'Union du Maghreb arabe », explique Mohamed Douibi, Secrétaire général d'Ennahda. « Une question qui concerne le département des Affaires étrangères » Au sein des partis du pouvoir, les différents acteurs préfèrent s'aligner sur la position officielle du gouvernement concernant la réouverture des frontières. « Nous sommes parmi ceux qui appellent à la construction d'une véritable union maghrébine parce que nous croyons en ces ensembles surtout dans le domaine de l'économie », avance Mohamed Djemeï, chef du groupe parlementaire du FLN. Sauf que la réouverture des frontières avec le Maroc « relève du (département) des Affaires étrangères de l'Etat », précise-t-il, tout en critiquant le Maroc. « Les frontières sont fermées et le Maroc nous envahit avec la drogue qui constitue un danger sur les générations », fustige toutefois le parlementaire. Même son de cloche chez le RND. Si le parti d'Ahmed Ouyahia souhaite voir l'émergence d'un grand ensemble maghrébin, il préfère laisser la question des frontières au département de Ramtane Lamamra. « Nous adoptons la position officielle de l'Etat. Mais nous militons également pour la constitution d'un grand ensemble maghrébin », affirme Seddik Chiheb, porte-parole du RND.