Depuis 6 semaines, les syndicats opposés à la réforme des retraites refont face avec plus de véhémence. Ils appellent jeudi à une nouvelle journée de manifestations. Face à un Emmanuel Macron qui ne veut rien entendre, le bras de fer est enclenché, et le dialogue social peine à voir le jour. 1376 euros bruts par mois : c'est la somme que touchent en moyenne les quelque 16 millions de retraités français. Un montant qui, dans les meilleurs cas, permet de finir difficilement son mois. Le niveau de vie en France ne cesse d'augmenter. Face à cela, Emmanuel Macron est toujours décidé à mener jusqu'au bout sa réforme des retraites. Il s'agit de l'une des promesses phares de sa campagne électorale. « Nous mettrons fin aux injustices de notre système de retraites », écrivait-il dans son programme, en créant « un système universel » avec « un principe d'égalité : pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous ». Un projet assorti d'une autre promesse : « Nous ne toucherons pas à l'âge de départ à la retraite, ni au niveau des pensions ». Mais alors, pourquoi une telle opposition à cette réforme ? Cette réforme signe la fin des régimes spéciaux. En effet, chaque profession avait son propre régime de retraite. Emmanuel Macron propose donc de mettre en place un régime universel. Cependant, enseignants, cheminots … sont vent debout contre son application. Pour compenser la pénibilité d'un métier, ces régimes spéciaux prévoient des avantages comme un âge de départ moins élevé, une durée de cotisation plus faible ou un calcul plus avantageux de la pension de retraite. L'âge pivot ne sera plus pris en considération. Pour inciter les Français à travailler plus longtemps sans modifier l'âge légal de départ en retraite de 62 ans, un système de décote/surcote des pensions autour d'un âge de taux plein fixé à 64 ans. Certes, c'est une proposition correcte pour ceux qui ont fait des études longues , comme les cadres, ou connu des périodes d'inactivité, surtout les femmes. Cela dit, elle défavorise largement ceux qui ont commencé à travailler jeune. Emmanuel Macron s'est dit cet été plutôt favorable au maintien d'une durée de cotisation qu'à l'instauration de cet âge pivot, mais rien d'officiel ni de rassurant n'est paru à ce sujet. L'impact de cette réforme pourrait être particulièrement désavantageux pour les femmes. D'après des simulations de l'Institut de la protection sociale (IPS) , les femmes pourraient être les grandes perdantes de la réforme puisque la nouvelle réforme pourrait supprimer les 8 trimestres par enfant accordés aux mères, ainsi que la majoration de pension de 10 % pour chaque parent à partir du troisième enfant. Il propose, à la place, un bonus de 5 % par enfant dès le premier enfant, partageable entre les parents. Les syndicats, longtemps sous l'ombre des Gilets jaunes, aujourd'hui se soulèvent contre ces trois raisons mais aussi contre une éventuelle hausse des cotisations, et/ou baisse des pensions, ainsi que la non-prise en compte de la pénibilité de certaines carrières. La position des syndicats n'est pas la même partout, d'ailleurs. Certains, réformistes, exigent la modification de certains textes de la réforme. D'autres, plus radicaux, exigent le retrait pur et simple du texte. Aujourd'hui, les manifestations motivées par les appels des syndicats sont là mais perdent leur souffle. Les syndicats espèrent retrouver une mobilisation conséquente après une journée d'actions locales mardi peu suivie et des journées nationales en recul : le 11 janvier, la police avait dénombré 149.000 manifestants après 452.000 le 9 janvier et 805.000 au premier jour le 5 décembre.Si la mobilisation baisse, elle reste en tout cas soutenue majoritairement par l'opinion publique. Le compromis proposé est un « leurre » pour les syndicats hostiles à la réforme qui ont annoncé de nouvelles mobilisations les 22, 23 et surtout 24 janvier, avec une 7ème journée d'action nationale à l'occasion de l'examen du projet de loi sur les retraites en Conseil des ministres. A suivre…