Alors que l'Union européenne appelle l'Algérie à procéder à des élections au suffrage universel dans les conditions qui répondent aux réclamations de la rue, certains responsables politiques fustigent, eux, une volonté de s'ingérer dans les affaires «intérieures» du pays. La relation de l'Algérie avec l'Union européenne est plus ambivalente que jamais. Tout commence quand la Belge Marie Arena, présidente de la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen, déclare, le 27 septembre dans un enregistrement vidéo, «soutenir (…) l'action de la jeunesse algérienne qui fait preuve d'un engagement citoyen admirable.» Elles ajoutent que les Algériens réclament des élections libres «mais pas sous le modèle actuel, pas sous le régime actuel, pas avec les règles du régime actuel». «Ils demandent la refonte de la constitution, un pluralisme politique, à ce que la liberté d'expression et d'association soit garantie, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en Algérie», a-t-elle énoncé. Une polémique se déclenche, et les responsables algériens dénoncent « le caractère intrusif des déclarations de la responsable européenne sur les aspects démocratie et droits de l'homme dans le pays. Le 30 septembre, Maja Kocijančič, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, déclare que l'UE «suit avec beaucoup d'attention les développements en Algérie», espérant qu'elle «une issue démocratique et pacifique dans un esprit de dialogue et de responsabilité» sera trouvée. Elle insiste sur la tenue d'élections qui «répondront aux aspirations profondes du peuple algérien, dans le respect des droits fondamentaux et dans un climat d'apaisement». Tout en soulignant «l'importance» du partenariat entre l'UE et l'Algérie, la responsable slovène appelle à ce que les libertés d'expression, d'association et de réunion soient garanties aux citoyens comme prévu par la constitution algérienne». Des déclarations accueillies avec suspicion et dépit. Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix algérien (MSP), a déclaré, lors d'une conférence de presse, le 29 septembre, à Alger, que l'Union européenne n'a pas à se mêler des affaires intérieures de l'Algérie. «Les engagements de l'UE en matière des droits de l'homme sont à vitesse variable. Elle fait montre de compromis et de concession envers les régimes corvéables à merci, et quand les Etats européens sentent leurs intérêts en péril, ils activent les dossiers des droits de l'homm» , a-t-il asséné. L'union Ennahda, El-Adala et El-Bina a, elle, improuvé des déclarations qui surviennent dans «une conjoncture délicate pour l'Algérie». La formation politique cingle une position de choix pour qui veut exercer un rôle de tutelle sur «le peuple algérien libre, [qui] a choisi la voie pacifique et civilisée pour mener sa révolution.» Il [le peuple] gère lui-même ses affaires et «saura trouver le chemin de sortie de crise», a prétendu la formation politique d'obédience islamiste.