La France a adressé lundi un ultime adieu à son ex-président Jacques Chirac, lors d'un hommage solennel et en grande pompe à Saint-Sulpice en présence de chefs d'Etats étrangers et de la quasi-totalité de la classe politique nationale, avant une inhumation à Paris dans l'intimité. La foule massée sur le parvis a applaudi l'entrée et la sortie du corps de l'ancien président, qui s'est éteint jeudi à l'âge de 86 ans, à quelques rues de là. La France a adressé lundi un ultime adieu à son ex-président Jacques Chirac, lors d'un hommage solennel et en grande pompe à Saint-Sulpice en présence de chefs d'Etats étrangers et de la quasi-totalité de la classe politique nationale, avant une inhumation à Paris dans l'intimité. Arrivé peu avant midi encadré par une imposante escorte motocycliste sous un soleil d'automne, enveloppé du drapeau tricolore et porté par ses anciens officiers de sécurité à l'Elysée, le cerceuil remonté la nef de Saint-Sulpice au son du requiem de Gabriel Fauré, sous les yeux de près de 2.000 invités venus du monde entier. Plusieurs d'entre eux, fidèles et proches, ont montré leur émotion pendant l'office à l'évocation du souvenir de l'ancien maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre, puis deux fois élu président de la République (1995 à 2007). La foule massée sur le parvis a applaudi l'entrée et la sortie du corps de l'ancien président, qui s'est éteint jeudi à l'âge de 86 ans, à quelques rues de là. Bernadette Chirac, affaiblie et qui n'est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux, était absente « en raison de sa santé » de ce service célébré par Mgr Aupetit, archevêque de Paris. Peu avant, pour la première fois depuis le terrible incendie qui l'a ravagée, la cathédrale Notre-Dame a fait retentir son bourdon. « Il y avait chez notre ancien président, cet homme chaleureux, un véritable amour des gens, aussi à l'aise dans les salons de l'Elysée qu'au salon de l'agriculture. Beaucoup en le rencontrant se sentaient considérés », a souligné Mgr Aupetit, en rappelant que Jacques Chirac « avait axé sa campagne de 1995 sur le thème de la fracture sociale ». L'assistance dans ce deuxième plus grand édifice religieux de la capitale fut à la mesure de l'afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi: 80 personnalités étrangères, chefs d'Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de famille royales, ont honoré Chirac, omniprésent pendant plus de quatre décennies, mais très affaibli ces dernières années. Dans les premiers rangs se sont côtoyés le président russe Vladimir Poutine, qui en juin avait qualifié M. Chirac de dirigeant l'ayant « le plus impressionné » dans sa carrière, les présidents italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso ainsi que les Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban, ou encore l'ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton (1993-2001). Ils ont retrouvé les anciens présidents français François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing, ainsi qu'une grande partie de la classe politique nationale. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a renoncé à s'y rendre, face aux réserves de la famille Chirac. Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a choisi pour sa part de participer plutôt à l'hommage rendu à M. Chirac à l'Assemblée nationale à 15h00. « C'était une grande émotion et c'était aussi une manière de souder un peuple », a commenté François Bayrou à la sortie de la messe. « A travers lui, je crois que les Français se reconnaissent », a dit l'ex-Premier ministre Manuel Valls. Clin d'œil aux racines de l'ancien président, une salade corrézienne a été servie aux 69 dirigeants reçus à l'Elysée après la messe. Dans la matinée, une cérémonie privée, célébré par Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque de Basse-Terre (Guadeloupe) avait eu lieu aux Invalides, en présence de Bernadette Chirac et quelque 200 personnes, famille et personnel médical ayant assisté Jacques Chirac. Martin Rey-Chirac, 23 ans, petit-fils unique de l'ancien président, a pris la parole pour rendre hommage à son grand-père, avant l'arrivée d'Emmanuel Macron, visage grave et fermé, venu rendre les honneurs funèbres militaires dans la cour pavée. Au même endroit dimanche, une foule impressionnante – 7.000 personnes selon l'Elysée – a défilé, malgré la pluie, jusque tard devant le cercueil, placé à l'entrée de la cathédrale Saint-Louis, recouvert de bleu, blanc, rouge. Lundi, avant même que le soleil ne se lève, le Premier ministre Edouard Philippe s'est rendu à son tour aux Invalides, en toute discrétion. Jacques Chirac a ensuite été inhumé en début d'après-midi dans un cadre strictement privé au cimetière du Montparnasse. Selon le souhait de son épouse Bernadette, il repose désormais dans le caveau de leur fille aînée Laurence, décédée en 2016 et dont le destin tragique a été le drame de sa vie. La journée de deuil national décrétée lundi était la huitième depuis le début de la Ve République en 1958. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics et les Français appelés à observer des minutes de silence à 15h00, notamment dans les salles de classe. Un hommage sera également rendu à l'ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, dont il fut le député. Lundi, quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant l'hôtel de ville de Brive-la-Gaillarde, et 150 personnes se sont réunies à Tulle dans l'amphithéâtre du conseil départemental avant une messe à 18h30.