Pour Mohamed Salem Tamek, délégué général de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, la récidive est un problème de société qui s'aggrave quand les détenus, au-dehors des murs, restent livrés à leur sort. Face à cette épineuse question, la solution passe par l'accompagnement du détenu libéré et la nécessité de lui procurer du travail. Selon une étude riche d'enseignements réalisée par la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès pour le compte de la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) «94,7% des recherchés ont commis un crime à cause de l'absence d'aide des autorités gouvernementales après leur libération. 61,3% des récidivistes affirment que le travail réduit le taux de récidive.» L'étude suggère que soit réalisés des efforts plus larges, visant à mieux cerner les effets de la politique pénale et ceux de la politique sociale en amont de la sortie de prison. Le patron des prisons, Mohamed Saleh Tamek, souhaite «formuler des approches en vue de limiter le poids de ce phénomène et améliorer la politique de la répression.» Réalité complexe, la récidive, entendue souvent comme réitération d'infractions, est souvent saisie pour jauger l'efficacité de la réponse pénale. À ce titre, elle demeure une question sensible qui interroge l'effet ultérieur des mesures correctionnelles. L'étude évalue les différents types de réponses pénales et procédures d'insertion en matière de prévention de la récidive qui interviennent auprès d'une catégorie plurielle, associée à des trajectoires différentes et note que les prévenus et condamnés à de courtes peines forment le gros des troupes de la récidive. Le système pénal ne doit pas seulement punir, mais corriger, orienter ; guider. Dans ce sens, Saleh Tamek saisit plusieurs axes de réflexions autour des récidives afin de penser leur appréciation. S'il semble acquis le phénomène de la récidive est quantifiable, la question de l'interprétation de ses retombées reste délicate. Pour atteindre un taux de récidive moindre, il faut que le suivi à la libération ait des effets, et qu'il couvre les personnes ayant fait preuve de bonne conduite en détention, ou ayant une intention claire de réinsertion. L'étude révèle, enfin, que l'arrêt de la délinquance est conditionné par la disponibilité de ressources à leur sortie (accessibilité du marché du travail, opportunités d'emploi, cadre familial, etc.) Dans la même veine, le ministre d'Etat chargé des droits de l'homme, Mustapha Ramid, a déclaré, le 25 septembre à Salé, que l'augmentation des cas de récidive «remet en question la validité du système pénal actuel, en particulier en ce qui concerne la durée des peines d'emprisonnement et les mécanismes d'insertion» soulignant que ce phénomène « ne se limite pas uniquement aux politiques pénales mais concerne également les différentes politiques publiques de lutte contre la criminalité et ses phénomènes.» Le ministre, qui attire l'attention sur les différences de retour selon la sorte de délinquance, appelle à distinguer récidives criminelle, correctionnelle et contraventionnelle pour améliorer le régime des sanctions et rechercher les raisons de l'incapacité du système pénal à circonscrire ce phénomène. Le ministre espère que la future réforme du système du droit pénal et du code de procédure participera à jeter les fondements juridiques permettant de réduire la récidive.