Le drame est terrible, pourtant les circonstances sont familières. Ce matin, 6 personnes ont trouvé la mort tandis que 27 autres ont été sauvées parmi les passagers d'un autocar, à Errachidia et beaucoup d'autres sont portés disparues. Un drame accablant, au bilan provisoire, causé encore une fois par des crues dues à des pluies diluviennes. Côté gouvernement ? Circulez, il n'y a rien à signaler ! C'est un scénario que l'on a vu se reproduire beaucoup trop de fois en l'espace d'un seul mois. Après le drame d'El Haouz, le 15 juillet dernier et celui de Taroudant le 30 août dernier, de nouvelles vies ont encore été fauchées sur la route suite à des crues, cette fois, au niveau du pont Oued Damchan, dans la région d'Errachidia. Et que font les ministres de tutelle pendant ce temps ? Abdelkader Amara, ministre de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, semble faire la sourde oreille. En déplacement en Suisse, le ministre n'a pas réagi au drame d'aujourd'hui, ni aux drames précédents d'ailleurs. À 13h35 heures marocaines, soit quelques heures après le drame, sur la page facebook officielle d'Amara, une publication de la veille où il se flatte d'un statut accompagné de photos en compagnie d'une fédération suisse. A l'heure où nous publions cet article, il n'y a toujours aucune réaction à signaler. Au moment où les accidents se multiplient, emportent les Marocains et endeuillent des familles et la population entière, Amara continue d'ignorer tous les problèmes qui se posent, et à agir comme si son département n'était nullement concerné. On aurait beau lui chercher toutes les excuses du monde, l'heure suisse n'est qu'à trois heures d'écart de l'heure marocaine, notre ministre ne souffre donc sûrement pas de jetlag. Dans le lot, il semblerait que Najib Boulif, ministre délégué chargé du Transport et de la Logistique, ait enfin appris sa leçon. Vivement critiqué auparavant pour son absence de réactions, il prend la peine de présenter des condoléances cette fois. Mais, les internautes lui reprochent de ne pas être sur place ni de proposer des indemnisations aux familles et des solutions à ces drames répétitifs. Comme si ces condoléances après tant de drames et de critiques à son encontre n'étaient plus acceptées ni les bienvenues de sa part. Sous la publication de Boulif, les internautes n'ont pas manqué d'exprimer leur mécontentement face à des condoléances aussi superficielles. Et ils ont raison, les ministres devraient plutôt s'atteler aux problèmes de la route et ses infrastructures, et prendre des mesures concrètes qui permettraient de sauver des vies. Les commentaires des facebookers varient entre moqueries, ironie, et véritables doléances. L'hypocrisie des ministres péjidistes est moquée, eux qui « présentent des condoléances en marge des drames sans prendre de mesures concrètes ». Les internautes se disent déçus d'avoir réelu le PJD, même ceux qui l'ont fortement soutenu pendant les élections. Du côté du Chef du gouvernement, silence radio. Aucune réaction sur ses deux comptes officiels sur Twitter et Facebook. Disons que le Chef du gouvernement n'aura même pas pris la peine de demander à son équipe de communication d'écrire un message sur ses réseaux sociaux et de le signer en son nom. Cette politique sourde muette qui consiste à jeter les doléances du peuple à la benne à ordures semble être une propriété purement péjidiste. Rappelons-nous du drame d'El Haouz, où 15 personnes ont perdu la vie ensevelies à 20 mètres de profondeur dans la boue, et où Mustapha Ramid, le ministre chargé des Droits de l'Homme, a choisi de publier un message de condoléances adressé non pas au peuple marocain mais au peuple tunisien suite au décès du président Beji Caid Essebsi. Se défendant de sa bévue, le ministre a répondu aux internautes indignés que « les condoléances au peuple tunisien étaient nécessaires », se montrant ainsi parfaitement insensible au deuil du peuple qu'il est censé servir. Si l‘absence de réactions de la part de nos hauts responsables est à condamner, l'absence de prise de mesures concrètes l'est encore plus. Un pont emporté par des crues est normalement un pont inhabilité à la circulation, qui doit être fermé et reconstruit. Laisser des vies circuler sur des infrastructures endommagées est un véritable acte d'irresponsabilité et de non-respect à la vie des citoyens. La véritable tare est que, chaque année lors de la saison pluviale, des incidents pareils se produisent, mettant à nu les défaillances des infrastructures et la piètre qualité des routes, et jusqu'à présent, les Marocains n'ont eu droit qu'a des demi-consolations et des condoléances éphémères. Les condoléances utiles et acceptables à ce stade de mauvaise communication et de drames, seraient d'empêcher des tragédies pareilles de se reproduire, en inspectant la qualité des infrastructures et en équipant en conséquence les régions à fortes précipitations, particulièrement celles traversées par des cours d'eau à risque de crues. Jusqu'à quand devrons-nous continuer à regarder avec impuissance des vies être emportées, sous les yeux d'un gouvernement qui ne cille pas ?