Depuis ce lundi 29 juillet, les particuliers à Cuba peuvent enfin avoir le wifi. Les Cubains pourront importer des routeurs et se passer ainsi des places publiques pour se connecter. La généralisation d'Internet prend forme. Une mesure qui tend à renforcer la présence d'internet sur l'île de Cuba, mais aussi le contrôle du gouvernement. Selon Ernesto Rodriguez Hernandez, vice-ministre des Communications, « les Cubains soutiennent et défendent la révolution dans tous les domaines, sur le terrain réel et, si nécessaire, le virtuel » aussi. Il pense qu'Internet et les réseaux sociaux servent à « positionner la vérité de Cuba, et non à manipuler les choses », ce qui en fait un nouveau champ de bataille politique et idéologique, à un moment de fortes tensions diplomatiques avec les Etats-Unis. Le numérique est d'ailleurs le secteur qui a le plus bougé à Cuba cette année, selon de nombreux spécialistes. En décembre dernier déjà, arrivait Internet sur les téléphones mobiles avec la 3G. Ce qui a fait naître une communauté très active sur les réseaux sociaux, interpellant le gouvernement sur les difficultés quotidiennes. Aujourd'hui, l'heure est venue pour les Cubains d'importer des routeurs et de créer des réseaux wifi privés, connectés au signal des hotspots de l'opérateur d'Etat, Etecsa. « L'objectif du pays est de fournir un accès Internet de plus en plus large à toute la population », affirme Ernesto Rodriguez Hernandez, qui poursuit en affirmant que c'est un « droit souverain » de l'Etat cubain qui se met en place. Il faudra quand même payer un dollar par heure pour se connecter chez soi. Un tarif exorbitant alors que le salaire mensuel moyen est de 50 dollars. Le premier forfait 3G est lui à 7 dollars pour 600 mégaoctets. Le gouvernement communiste semble avancer avec méfiance. Dans ce pays de 11,2 millions d'habitants, 1.400 points d'accès Wifi ont été installés, 80.000 foyers ont internet chez eux – une option toutefois difficile à obtenir – et 2,5 millions de Cubains ont accès à la 3G. « Les technologies ne sont pas apolitiques comme on essaie de les présenter » mais sont « manipulées, utilisées », prévient Ernesto Rodriguez Hernandez. Un ensemble de décrets et mesures, publiés début juillet au Journal officiel cubain, appelle à un « usage responsable des citoyens » ainsi qu'à « la défense politique et la cybersécurité face aux menaces, attaques et risques de tous types ». Selon ces textes, Internet doit être un « instrument pour la défense de la révolution ». Et pas plus.