Dimanche 7 juillet, lors du sommet de l'Union africaine au Niger, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), projet ambitieux du continent, a finalement été lancée. Aspirant à devenir à terme le plus grand marché commun du monde, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) a été signée par 54 des 55 pays de l'Union africaine, soit tous les pays sauf l'Erythrée. Les dirigeants africains ont une année pour concrétiser cette union économique singulière dès le 1erjuillet 2020. L'objectif principal de la ZLECA est d'organiser le libre-échange à l'échelle du continent africain pour au moins 90 % des produits. Selon Pierre Jacquemot, chercheur à l'Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS) et ex-ambassadeur français au Kenya, au Ghana et en RD Congo, l'innovation majeure de la ZLECA «réside dans la levée des droits de douane, qui va concerner une zone continentale immense». En Afrique de nombreux pays connaissent une croissance économique fulgurante ces dernières années. Beaucoup sont passés de statut de simples importateurs à exportateurs en produisant du «made in Africa». Productions encouragées par les politiques gouvernementales des dirigeants africains qui ont compris l'importance de la production et la consommation locale. À Niamey, les chefs d'Etat du continent ont adopté 5 instruments du traité. Ils portent sur les «règles d'origine», les «listes de concessions tarifaires dans le commerce des biens», le «mécanisme en ligne de surveillance et d'élimination des barrières non-tarifaires continentales», la «plateforme panafricaine de paiements et de règlements numériques (Papss)» et l'«Observatoire africain du commerce». Un «conseil des ministres» sera mis en place par l'UA pour le bon fonctionnement de la Zleca. Il sera composé des ministres africains du Commerce, chargés d'assurer la mise en œuvre de l'accord. Au moins deux réunions par an seront tenues par les membres de ce conseil au Ghana, qui sera aussi le siège du secrétariat général de la Zleca. Pour ce qui est du financement, les négociations sur l'investissement, la concurrence et la propriété intellectuelle auront cours jusqu'en décembre 2020. L'UA sera chargé elle-même de trouver les fonds de financement pour l'accord. Accra a annoncé qu'il allait décaisser une première tranche de 10 millions de dollars pour financer le secrétariat général. Il faut aussi noter que le calendrier de l'accord sera très flexible. Certains Etats se sont montrés réticents à éliminer tout de suite les droits de douane sur les produits représentant 90 % de ses lignes tarifaires. D'autres demandent qu' «un fonds de compensation pour la perte des revenus douaniers soit mis en place». Avant d'intégrer l'accord, le Nigéria avait posé le problème de « clause d'origine » pour certifier que les produits échangés sont bel et bien africains afin d'éviter que le marché ne soit rempli de produits extérieurs. La règle tournera probablement autour d'un minimum de 50 % du produit issu de fabrication africaine. Le Nigeria et l'Afrique du Sud, soit les deux plus grandes économies africaines parvenues à se construire une base industrielle, ne voudraient pas être menacés par des importations venant de pays voisins, mais dont le contenu est d'origine asiatique, brésilienne, turque ou européenne. La question du passeport unique africain et du projet de marché unique aérien n'ont pas connu d'avancées significatives. En effet, seul le Rwanda a ratifié le traité instituant la communauté économique africaine sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et le droit d'établissement. L'UA mettra également des dispositions en place pour résoudre les litiges entre pays africains, le problème d'insécurité et d'infrastructures entre autres, pour le bon fonctionnement du plus grand marché communautaire au monde.