Des dizaines de milliers d'Israéliens ont manifesté samedi à Tel-Aviv pour protester contre un projet visant à protéger le Premier ministre Benjamin Netanyahu, par une nouvelle loi contre des poursuites judiciaires, selon des chiffres communiqués par Reuters. Plus encore que protéger Netanyahu contre des poursuites judiciaires, cette loi, remise en cause par la rue, vise aussi à limiter les prérogatives de la Cour suprême. Au pouvoir depuis ces dix dernières années, Benjamin Netanyahu, qui est aussi le dirigeant de la droite israélienne, a été reconduit pour un cinquième mandat en avril dernier, malgré l'annonce du procureur général d'Israël deux mois plus tôt de son intention de l'inculper pour fraude et corruption. Le Premier ministre israélien nie, évidemment, toute malversation et dénonce une « chasse aux sorcières ». Par ailleurs, et vu que rien dans la loi n'oblige le chef du gouvernement à démissionner en cas d'inculpation, Netanyahu clame haut et fort que le cas échéant, il n'entend pas démissionner. En outre, et malgré une loi complaisante, les partisans du Premier ministre au sein de son parti, le Likoud, cherchent à obtenir l'immunité parlementaire afin de le protéger. Et pour couronner le tout, dans l'éventualité de recours en justice, ils défendent également un projet de loi qui annulerait tout jugement de la Cour suprême contre cette immunité. Le 13 mai courant, Benjamin Netanyahu écrivait sur Twitter que si sa politique a toujours été de préserver l'indépendance de la Cour suprême, des changements étaient nécessaires afin de rétablir l'équilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. L'opposition dénonce, quant à elle, des projets qui pourraient porter atteinte à la démocratie israélienne. Côté détracteurs, Yair Lapid, l'un des chefs de file du principal parti d'opposition, le parti centriste Bleu et blanc, accuse en déclarant publiquement samedi 25 mai, lors de la manifestation à Tel-Aviv, que Benjamin Netanyahu « détruisait le pays » afin d'échapper à la prison. « Nous ne le laisserons pas faire », a-t-il martelé. Pour renforcer ses rangs, Netanyahu est en train de bâtir une nouvelle coalition avec les partis de droite, d'extrême droite et les partis religieux qui lui permettront de contrôler 65 des 120 sièges de la Knesset. La plupart des partis qui devraient rejoindre la coalition ont déjà exprimé leur soutien à l'idée d'accorder l'immunité au Premier ministre et de limiter les pouvoirs de la Cour suprême, accusée par les partis ultranationalistes d'être trop libérale et interventionniste. Néanmoins, Netanyahu a un deadline : celui de mercredi pour présenter un nouveau gouvernement, mais n'a, pour l'instant, conclu aucun accord avec un parti. S'il échouait, le président Reuven Rivlin pourrait demander à une autre personnalité de former un gouvernement.