A l'heure où nous mettions sous presse, le scrutin qui devait déterminer l'identité du nouveau premier secrétaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) se poursuivait toujours. Alors qu'ils étaient cinq au départ, il ne restait, dans la journée d'hier, que deux candidats en lice. En effet, Driss Lachguar et Ahmed Zaidi avaient réussi à accéder au deuxième tour de l'élection du premier secrétaire au détriment des autres candidats. Lachguar était arrivé en tête du classement au premier tour avec 543 voix, soit une centaine de voix de plus que Zaidi, arrivé lui deuxième avec 443 voix. Les deux autres candidats, Fathallah Oualalou et Habib El Malki, ont donc quitté la compétition après avoir récolté respectivement, 345 et 258 voix. Les résultats du premier tour dénotent un grand changement qui est en train de s'opérer au sein de l'un des plus grands partis politiques du pays. Oualalou et El Malki font partie de la première génération de cadres usfpéistes ayant figuré parmi le cercle rapproché des premiers fondateurs, notamment, Abderrahim Bouabid. Leur élimination dès le premier tour est dans ce sens très significative. Les observateurs commencent déjà à parler de la fin d'une génération de l'USFP qui a connu ses premières difficultés, son âge d'or ainsi que son apogée en 1997 avec l'expérience de l'alternance que le parti avait conduite. Après la retraite d'Abderrahmane El Youssoufi, de Mohamed El Yazghi et Abdelouahed Radi qui vient de les rejoindre, c'est pratiquement une page de l'histoire de l'USFP qui est tournée. Oualalou et El Malki n'avaient pas réagi officiellement après leur élimination, mais leurs résultats dans ce 9e congrès devront probablement avoir un impact sur la suite de leur parcours politique. Les deux hommes étaient également candidats lors du 8e congrès. C'est donc pour la deuxième fois consécutive qu'ils échouent à avoir la confiance des congressistes. Pour leur part, Zaidi et Lachguar font partie d'une génération intermédiaire qui a certes côtoyé les premières icônes historiques du parti, mais ils ne se sont distingués dans la scène politique et partisane que ces quinze dernières années. «Il est difficile de donner des pronostics sur le résultat final du deuxième tour qui sera certainement très serré entre Zaidi et Lachgar. Cependant, ce dernier a renforcé ses chances au premier tour en se classant premier», a déclaré un congressiste à Bouznika. Malgré leur élimination, El Malki et Oualalou pouvaient tout de même jouer un rôle déterminant dans le deuxième tour. Les consignes de vote que les deux candidats malheureux donneront à leurs partisans devront peser en faveur de l'un ou de l'autre des candidats en lice au deuxième tour. Pour rappel, le 9e congrès de l'USFP constitue une étape cruciale dans l'histoire du parti. Pour de nombreux militants ainsi que pour les observateurs, il s'agit du congrès de la dernière chance. Le futur premier secrétaire aura ainsi du pain sur la planche, à commencer par les élections communales et régionales qui auront lieu probablement en 2013. Les adieux de Radi Abdelouahed Radi, le premier secrétaire sortant de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), a annoncé, lors de la séance d'ouverture du 9e congrès du parti à Bouznika, sa volonté de quitter la direction du parti. Dans son allocution, Radi s'est dit «rassuré sur l'avenir de l'USFP». Après plus de 60 ans d'appartenance au parti, l'ancien ministre de la justice a fait part, presque les larmes aux yeux, de sa décision devant les congressistes «de quitter tout poste de responsabilité au sein de la direction». Il n'a pas également manqué d'adresser ses «chaleureux remerciements» à toute la famille de «l'ittihad» en appelant les militants à préserver l'unité du parti et veiller à résoudre les différends internes par le dialogue et l'approche participative. Par ailleurs, le premier secrétaire sortant a expliqué «qu'il est temps de restaurer la crédibilité de l'action politique pour faire face aux défis internes et externes et répondre aux revendications des citoyens». Selon Radi, le 9ème congrès national, placé sous le signe : «Ensemble pour la construction du Maroc de la démocratie et de la modernité», est censé être l'occasion pour «trouver des réponses aux questions posées pour l'USFP». El Gahs, le come-back L'ouverture du 9e congrès national de l'USFP a été marquée par le retour de Mohamed El Gahs. L'ancien secrétaire d'Etat à la jeunesse au gouvernement de Driss Jettou a attiré l'attention des médias et des invités dès son entrée. Le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, s'est même levé pour le saluer. La page des malentendus est-elle pour autant définitivement tournée? En tout cas, El Gahs s'était distingué il y a quelques années par sa décision soudaine de geler ses activités au sein de l'USFP. Depuis cette date, l'ex-directeur de la rédaction du quotidien Libération (journal de l'USFP), s'est fait très discret. Même si les raisons de son retrait demeurent encore peu connues, des sources internes au parti avaient évoqué des divergences entre lui et la direction du parti dirigée à l'époque par l'ancien premier secrétaire, Mohamed El Yazghi. Reste à savoir si El Gahs reprendra du service au sein de l'USFP. Les pronostics vont déjà bon train sur un deal qui aurait été scellé dans les coulisses. Une chose est sûre. Sa cote de popularité a sérieusement augmenté depuis son retrait au point que les observateurs le voyaient déjà occuper le poste du premier secrétaire. Crise profonde Après les séances protocolaires et les allocutions d'ouverture, les congressistes du 9e congrès de l'USFP en sont venus aux choses sérieuses. Dans ce sens, des participants au congrès national dont certains appartiennent à l'aile dure du parti, ont dressé un tableau d'un parti en crise organisationnelle profonde. Les critiques lors de la séance consacrée à la discussion des rapports moral et financier ont porté principalement sur l'échec de l'actuelle direction dans la gestion de l'aspect organisationnel à travers le non-respect des dates prévues pour la tenue des congrès régionaux et provinciaux. Pour ces derniers, cette situation s'est répercutée négativement sur les résultats jugés «insatisfaisants» obtenus par le parti lors des deux dernières élections législatives. Par ailleurs, plusieurs intervenants ont noté que le rapport moral a omis d'analyser les dysfonctionnements auxquels est confronté l'USFP, imputant à la direction du parti la responsabilité de la mauvaise gestion de la participation du parti dans les gouvernements précédents.